Nouvelle série courte des éditions Doki-Doki, que je remercie pour l’envoi, Tetsu & Doberman est un shonen orienté action en trois tomes seulement, qui ne manque pas d’atouts comme on va le voir, mais également des carences qui peuvent être rédhibitoires. En grand amoureux des chiens, la simple présence de binômes associant un humain et un chien anthropomorphe avait de quoi m’intriguer et me donner envie. Voyons donc ce que nous réserve cette série !
Tome 1
Autrefois, un héros est intervenu pour sauver le monde. Son nom : Big One Kurogane. Mais lorsqu’il décède quelques années plus tard, son partenaire, Doberman, disparaît de la circulation.
13 ans plus tard… Tetsu Himukai est un adolescent qui travaille à mi-temps pour aider financièrement l’orphelinat où il a grandi. Au fil du temps, son admiration pour Big One a perdu de sa ferveur. Quand il apprend que son orphelinat doit être rasé pour faire place à un nouveau projet immobilier, il décide d’aller tirer les choses au clair avec le propriétaire du terrain, qui s’est entouré d’hommes peu recommandables. Tetsu ne tarde pas à se retrouver en mauvaise posture… C’est alors que surgit Doberman, l’ancien partenaire de Big One Kurogane !
Avant de commencer, précisons que vous pouvez consulter un extrait de ce premier tome via ce lien, cependant, il ne s’agit pas du tout début de l’histoire, puisque l’extrait concerne la seconde moitié du premier chapitre. Rien de bien important en terme de révélations, le but est surtout je pense de se focaliser sur le premier morceau d’action du titre.
Ceci étant dit, voyons un peu de quoi il en retourne. Il semblerait que ce manga soit une sorte de relecture de l’histoire du Chat Botté, que je dois avouer ne pas très bien connaitre. De ce fait, je ne pourrai pas franchement pousser la comparaison pour voir de quoi il en retourne, mais je pense que ce n’est pas forcément important. On est surtout face à un shonen nekketsu assez classique sur une partie du fond et de la forme, avec un jeune héros orphelin, qui va se découvrir un grand pouvoir (et donc une grande responsabilité ?) du fait de son ascendance et de son lien avec Doberman.
À partir de là, nous découvrirons l’organisation pour laquelle il va devoir travailler, devenant un chasseur travaillant en binôme avec Doberman, et la possibilité d’un complot, après une petite péripétie qui lance l’action. Encore une fois, on est dans une structure très classique, mais qui fonctionne bien et met en place des choses intéressantes. Cependant, je ne peux m’empêcher d’avoir quelques craintes concernant la tenue globale de l’intrigue, au vu de la faible durée du titre. En effet, alors qu’on a déjà assisté à un tiers de l’histoire, je me demande si les deux tomes suivants suffiront après cette mise en place. Il faudra voir selon les développements à venir si on peut rester dans une petite histoire auto-conclusive satisfaisante.
Mais au-delà de cette réserve, malgré tout importante, j’ai pris un vrai plaisir à la lecture. Déjà parce que l’auteur fait du bon travail, entre son esthétique très soignée mettant en valeur un univers qui a quelques petites originalités bienvenues, et son écriture efficace, qui n’hésite pas à être assez dense pour pouvoir caractériser personnages, univers et enjeux en seulement un volume.
Et surtout, me concernant, le fait de me retrouver dans une histoire où un ado forme un binôme avec un chien (comme tous les chasseurs présents dans cet univers) a forcément une résonance forte pour l’amoureux des animaux que je suis. D’ailleurs, ces derniers sont anthropomorphisés, c’est à dire qu’ils se tiennent sur deux pattes, et ont même un corps quasiment humain, si ce n’est leur tête totalement canine. Cela fonctionne très bien esthétiquement, d’autant plus que chaque chien que l’on rencontre est d’une race différente.
Et le système de pouvoirs, élément central dans le genre, est également lié à ces animaux et à la connexion qui s’opère entre le chien et son « maitre ». Le terme de « maitre » me gênant un peu personnellement, car je n’aime pas l’idée de ce genre de relation avec un chien, qui est pour moi un individu à part entière et membre de la famille.
Ainsi, on trouve des équivalents à certains éléments caractéristiques des chiens, comme la sorte de GPS intégré qu’ils ont en eux, ou leur odorat qui permet de sentir des choses en particulier, notamment les états émotionnels des gens (pas certain cependant que ce point soit lié à l’odorat des chiens, mais j’avoue ne pas assez connaitre la question pour le dire).
De ce fait, vous l’aurez compris, j’ai trouvé ce premier tome tout à fait efficace et plaisant à lire, malgré un certain classicisme, quand même contrebalancé par le concept général de l’univers et ces animaux anthropomorphisés. La faible durée de la série pose quand même la question d’une potentielle frustration, si jamais l’auteur n’a pas le temps de développer son intrigue et son univers comme il se doit. Mais pour s’en assurer, il faudra juger sur pièce avec les deux autres tomes, le second nous permettra déjà de voir où l’on va. Quoi qu’il en soit, ce premier volume est une belle surprise, plaisante et très efficacement conçue bien que classique.
Tome 2
Un Chasseur est un héros qui travaille toujours en équipe avec un Limier. Un beau jour, le jeune Tetsu Himukai, qui a grandi dans un orphelinat, rencontre Doberman, le Limier qui faisait autrefois équipe avec Big One Kurogane, le plus fort de tous les Chasseurs. Ensemble, ils entreprennent un voyage d’initiation pour faire de Tetsu le plus grand des Chasseurs, meilleur encore que Big One lui-même ! Mais comme il faut un début à tout, Tetsu doit lancer sa carrière avec des contrats destinés aux jeunes Chasseurs, tout comme Arata et Ririmi. Il accepte de travailler pour un vieux monsieur qui semble cacher un secret… De plus, une chasseuse de primes surgit pour l’empêcher de mener son travail à terme !
Le récit se poursuit avec ses qualités et ses défauts (en particulier un grand classicisme), et confirme une structure narrative assez simple articulée autour de missions qui s’enchaînent pour le duo Tetsu et Doberman, sans réel liant. Comme si l’auteur souhaitait rester sur un récit qui peut se conclure à tout moment en cas de besoin. Et au sortir de ce second volume, on a en effet le sentiment qu’il peut retomber sur ses pattes dans le troisième et dernier tome, et conclure proprement le récit. Ce qui est plutôt un bon point, reste à savoir si la faible durée de la série est volontaire ou non, car je n’ai toujours pas réussi à trouver l’information.
L’information que j’ai par contre eu entre la lecture du premier tome et celle de ce second, vient du côté du Chat Botté. J’avais précisé que l’histoire en était inspirée, et entre temps j’ai quand même poussé la curiosité pour voir quel pouvait être le lien… et j’avoue ne toujours pas le voir. Je ne trouve pas d’équivalent à l’histoire du marquis de Carabas pour le moment, même si un adversaire peut éventuellement reprendre la figure de l’ogre, bien qu’il évoque plutôt un chien très célèbre au Japon (si vous voyez ce que je veux dire…).
Il y a d’ailleurs une petite ouverture intéressante en terme de récit concernant la question des chiens, dans laquelle l’auteur va s’engouffrer, je l’espère. Nous le verrons bien en temps voulu… Pour revenir à ce second volume, il est ma foi fort bien troussé, toujours efficace en ce qui concerne l’action et la narration, même si comme je l’ai dit, la structure narrative en petites missions donne le sentiment de ne pas avoir de réel enjeu sur le long terme, sans doute en raison de la faible durée de la série.
Ainsi, il est compliqué de vraiment étoffer mon appréciation de la série sur ce deuxième acte. Le premier volume introduisait l’univers et les personnages, le prochain conclura le tout, et il y aura donc logiquement plus de choses à dire. Pour ce qui est du deuxième tome, au risque de donner le sentiment de ne pas trop me fouler, je dirai que si on a aimé le premier, on aimera celui-ci tout autant, mais il va falloir attendre la fin pour vraiment pouvoir affirmer si on a un récit qui se tient bien sur trois volumes. En l’état, je ne peux nier que j’ai passé un bon moment, malgré un titre trop engoncé dans des codes classiques.
Tome 3
Nous arrivons donc déjà à la fin de la série, et comme on pouvait s’y attendre au vu de sa tomaison, ce dernier volume sera sous le signe de la frustration, du trop peu et de l’anecdotique.
Si l’écriture et le dessin restent fluides et efficaces, permettant de passer un bon moment globalement, le fait que chaque pan de l’intrigue ne soient que des petites péripéties servant à développer vaguement l’univers et les personnages fait que le tout laisse un goût d’inachevé.
En effet, le genre du nekketsu a souvent besoin de temps pour se développer, afin de présenter un univers dense et des personnages étoffés. Ici, nous avons des bribes d’univers et de personnages, mais rien de suffisamment probant pour être véritablement remarquable. On pouvait s’y attendre au vu de la durée de la série me direz-vous, et vous aurez raison.
Ainsi, au détour d’une petite pirouette scénaristique, l’enjeu principal mis en place dans le premier tome est résolu, d’une façon on ne peut plus artificielle. Peut-on pour autant parler d’une conclusion propre et nette à l’intrigue ? Absolument pas, puisque rien de vraiment probant ne s’est passé. L’auteur ne s’en cache d’ailleurs pas, puisqu’il conclut en nous disant que peut-être un jour nous retrouverons ces personnages, plus âgés.
Mais est-ce qu’on en a vraiment envie ? Oui et non, puisque bien que tout ce petit monde et le concept général de la série soit sympathique, sa trop courte durée la condamne à être une histoire oubliée aussi vite qu’elle a été lue. De là à se questionner sur la pertinence de l’achat il n’y a qu’un pas. Car bien que le tout se tienne et fasse passer un moment agréable, avec la concurrence féroce dans ce milieu du manga, c’est bien trop peu pour être suffisant.
Super article.
J’ai un peut les mêmes apriori que toi, que l’auteur à du arrêter sa série au bout de 3 tomes par manque de popularité.
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Je t’avoue que je n’ai pas trouvé l’info. Paraît il que l’auteur est habitué aux séries courtes, mais est-ce que c’est court par volonté ou pas ?
C’est ça qui pourrait poser souci, parce que les séries qui s’arrêtent à la fin de leur intro, c’est quand même compliqué…
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C’est surtout frustrant. Pour moi, une bonne durée concernant les séries courtes en manga se situe entre quelque chose comme quatre, six, ou au moins huit tomes selon la densité du scénario prévu.
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Oui, ça dépend beaucoup du scénario. Dans le genre, je trouve Astra – Lost in Space parfaitement maitrisé sur ses 5 tomes. On sent que l’auteur avait très bien pensé son récit pour cette durée qui est idéale, sans qu’on trouve l’histoire trop courte.
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Il me tente beaucoup, j’ai hâte de le recevoir 🙂
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Oui, c’est très agréable à lire, et l’aspect animaux m’a bien parlé. J’ai juste des craintes concernant la faible durée de la série.
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ça c’est toujours le cas, je pense que quand une saga est courte on a toujours peur que cela soit trop rapide. À voir comment cela va évoluer 😉
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Exactement, en fonction de ce que le second tome va lancer comme intrigue, ça peut le faire, mais il va falloir être efficace.
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ça me dit bien ça tient, je le mets dans ma wish list 😉
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Cool !
Si tu lis je serai curieux d’avoir ton avis.
Je reste juste sur la réserve concernant la faible durée de la série.
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ça ne va pas être pour tout de suite vu ma PAL mais je serai ravie d’en parler… le fait que ce soit une courte série me motive bien, par moment j’ai l’impression d’être noyée dans des série à rallonge et de ne jamais en voir la fin… ça me fera du bien que ce soit un format court, espérons effectivement que ça n’enlève rien à la qualité narrative 😉
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