Mon avis sur… Beastars T. 14 & 15 de Paru Itagaki

Beastars 14 15

Les tomes de Beastars continuent de s’enchainer avec un plaisir non dissimulé, Paru Itagaki menant toujours son récit de main de maître, avec un talent et une maturité dingue qui feraient oublier que l’on est face à sa première série, et la seule au long cours pour le moment. Je n’imaginais pas en commençant cette série il y a un peu plus de deux ans qu’elle deviendrait une de mes favorites, et que son autrice susciterait autant d’attentes de ma part. Faisons donc une fois le plus le point sur les évolutions récentes de la série, toujours aussi passionnantes.


Mon avis sur les tomes précédents : Tomes 1&2 – Tome 3 – Tome 4 – Tome 5 – Tome 6 – Tome 7 – Tome 8 – Tome 9 – Tome 10 – Tome 11 – Tome 12Tome 13


Au sommet d’une tour dominant la ville, Legoshi fait enfin la rencontre du mystérieux Yahya, terreur des criminels de tout poil. Même s’il n’apprécie guère l’adolescent, un acte radical convainc le Diable Noir que le petit-fils du redoutable Gosha est le digne héritier de son grand-père !
De son côté, le jeune loup est ébranlé… mais une rencontre avec Haru, venue lui fêter son anniversaire, l’empêche de ruminer trop longtemps. La lapine insiste pour se rendre au marché noir, où elle confirme qu’elle n’a aucune intention d’abandonner leur relation ! Ce que le couple ignore, c’est que le Beastar a maintenant ses propres plans pour Legoshi…

Les tomes 14 et 15 s’organisent toujours de la même façon, entre développements conséquents de l’univers et évolution de Legoshi, le cœur émotionnel du récit. L’arrivée du Beastar Yahia rebat encore les cartes du récit, et rappelle qu’une des grandes forces de la série est la façon dont Itagaki arrive à effectuer de grosses ruptures de ton et dans l’histoire sans jamais en perdre le fil narratif. Ici, le rapprochement entre Yahia et Legoshi est l’occasion de questionner la notion de justice, et de proposer une ambiance qui évoque énormément le comics super héroïque.

En effet, j’ai plusieurs fois eu l’impression de voir une sorte de Batman chez Yahia, entre l’aura qu’il dégage, la façon dont Itagaki le met en scène, et son aspect au-dessus de la justice et légèrement borderline… Aspect qui transparaît en particulier lors d’une entrevue entre lui et Legoshi, où l’on voit qu’il utilise les dépouilles de criminels en guise d’engrais. Un moment choc qui contribue à conférer une énorme ambiguïté au personnage, dont le rapport à Legoshi est également très particulier. Moment choc qui se déroule en deux temps car la conversation entre les deux prend une tournure très particulière et amène le loup a effectuer un geste très fort symboliquement.

Mais Yahia n’est pas la seule figure très ambiguë (et très intéressante) mise en avant, puisqu’en plus de lui, on découvre un nouveau personnage, hybride entre herbi et carni comme Legoshi, qui renvoie un miroir déformé du loup. Il fraye dans un trafic d’ivoire sur lequel enquête Yahia, prenant Legoshi sous son aile dans l’affaire. L’hybride en question, Melon, est assez magnifiquement écrit, avec un travail particulièrement réussi sur sa psychologie des plus troubles, à même d’ébranler Legoshi qui se questionne toujours plus sur sa relation à Haru et sa nature d’être hybride. Nature explorée via un retour sur sa mère et comment elle a grandi en tant qu’hybride de première génération (dans le sens où elle était la fille d’une louve et un varan de komodo). L’occasion d’encore approfondir notre héros qui en ressort toujours plus magnifique.

Mais surtout, tout cet aspect enquête sur un sociopathe est l’occasion de séquences particulièrement tendues, avec encore une fois un bouleversement dans l’ambiance du récit. Je retiens en particulier une planche qui m’a donné des frissons, où Melon enlève son masque lors d’une soirée très très particulière. Une preuve de plus de l’immense talent de Paru Itagaki qui maîtrise parfaitement ses effets.

Et une fois les volumes refermés, on a comme à chaque tome le sentiment d’un moment de lecture rare, tant tout cela est brillamment développé, riche et passionnant. Arrivés aux deux tiers de la série, Itagaki ne faiblit pas et continue de nous proposer un titre qui nous rappelle pourquoi on aime le manga. Beastars est encore et toujours un pur chef d’oeuvre, donc chaque volume apporte une nouvelle pierre à un édifice somptueux et maîtrisé de bout en bout. Comme je l’ai déjà dit en début d’article, je suis assez soufflé par la maturité folle de cette artiste sur cette première série, qui est déjà un coup de maître.

16 commentaires

  1. D’ailleurs, entre les animaux qui ont des oreilles soit trop petites, soit trop grandes, ou placées trop haut sur la tête, et ceux qui ont un museau trop long ou un bec trop gros, ça ne doit pas être facile pour la construction de masques chirurgicaux dans leur monde.

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  2. Aaah enfin cet article 😍 je partage totalement ton opinion, c’est incroyable de se dire que cette mangaka débute seulement et que c’est aussi sa 1ere série longue. Elle a un talent de dingue et une maîtrise hallucinante. J’ai hâte d’être la semaine prochaine pour le tome suivant 😍

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      • De mon côté, l’ambiance « comics super-héroïque » présente dans ces deux tomes m’a donné l’occasion de faire le rapprochement entre certains personnages de « Beastars » et des personnages de comics que je connais au moins de noms.

        Par exemple :
        • Gohin : Dʳ Hugo Strange/Daredevil (Il essaye de traiter les problèmes mentaux des autres, et semble être aveugle.)
        • Sheila : Catwoman (Voir le flashback de la saison 1 qui la montre dans son ancien rôle de dominatrice pour un club SM.)
        • Yahya, Legoshi et Gosha : Batman, Robin et James Gordon
        • Melon : le Joker (La scène où il retire son masque fait penser à celle de « The Dark Knight » où le Joker braque une banque caché derrière un masque de clown.)
        • Riz : Bane (Là où Bane s’injecte un fortifiant, Riz cesse de prendre des inhibiteurs.)

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      • Je n’avais pas poussé la comparaison jusque là, mais j’ai vraiment trouvé que Yahia faisait penser à Batman dès son introduction, et en effet avec le tome 15 j’ai pensé à Robin et Joker.

        Je me demande si Itagaki va encore pousser la comparaison ou non.

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  3. Je ne peux que rejoindre ton avis ! Et puis, j’ai également beaucoup aimé découvrir le passé concernant la mère de Legoshi. On comprend mieux ses raisons je trouve. Il y a tellement de points positifs dans ce manga et plus les tomes avancent et plus l’histoire se complexifie avec plusieurs ramifications internes passionnantes !

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    • Oui, j’ai beaucoup aimé ce qu’on a appris sur la mère de Legoshi. Et puis globalement je trouve de toute façon Legoshi absolument magnifique comme personnage.

      Ma femme avait accepté de regarder la première saison avec moi sur Netflix, et même si elle a reconnu la qualité de la série, ça la met trop mal à l’aise pour qu’elle continue.

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      • J’ai adoré la série qui donne (à mon avis) un plus et une certaine relecture au manga. Je comprends que ça puisse mettre mal à l’aise et j’ai aussi le sentiment que c’est fait exprès.

        Je te rejoins (à nouveau). J’aime énormément Legoshi. Je vais tanner mon fils aîné pour voir s’il ne peut pas me trouver une figurine du personnage. Il y en a de très belle (je crois que je retombe en enfance à vouloir collectionner des goodies comme quand j’étais plus jeune 😛 )

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