Depuis le début de sa publication chez Pika, A Journey Beyond Heaven fait partie des séries que je suis avec grand intérêt et beaucoup d’espoir quant à son évolution. En effet, le titre a su me charmer d’emblée par de nombreuses qualités, si bien que je lui vois un très très gros potentiel. Cependant, j’ai cru comprendre que ses ventes étaient décevantes. De ce fait, j’ai eu envie de mettre davantage l’accent sur ce titre et les raisons pour lesquelles je pense qu’il mérite qu’on lui donne sa chance, ne serait-ce que par curiosité.
Je précise d’ailleurs que j’éviterai au maximum les révélations importantes, afin de conserver le mystère, puisque mon but est de convaincre des personnes n’ayant pas encore sauté le pas de se lancer dans la série.
Au passage, je remercie Pika pour l’envoi de ce troisième volume, et vous invite à jeter un œil à l’extrait du premier tome disponible sur leur site.
Mon avis sur les tomes précédents : Tome 1 – Tome 2
Puisque le but est de donner envie de laisser sa chance à la série, il convient de la resituer. A Journey Beyond Heaven est la première série de Masakazu Ishiguro à nous parvenir en France, actuellement en cours dans le magazine Afternoon de Kodansha, qui est un mensuel, ce qui signifie un rythme de publication assez lent, de l’ordre d’un tome tous les six mois. 5 tomes sont parus au Japon contre trois en France. L’avantage est que cela se rattrape très vite, et qu’en plus l’investissement sera plus étalé dans le temps que pour des séries qui sortent tous les deux mois.
Cette série nous présente un Japon post-apocalyptique en apparence assez classique, où une catastrophe dont on ignore la teneur a eu lieu, faisant que la population humaine a drastiquement diminué, laissant les villes dans un état de délabrement conséquent. On y suit le duo Maru et Kiruko, un adolescent et une adolescente, qui doivent atteindre le « paradis ». Maru dispose par ailleurs d’un pouvoir dont on ignore l’origine et le fonctionnement, qui lui permet de tuer les créatures dévoreuses d’hommes qui rôdent.
Dans le même temps, on suit un groupe d’enfants qui vivent dans un jardin aseptisé, séparé du reste du monde par un grand mur. Certains de ces enfants semblent disposer de pouvoirs qu’ils ne maitrisent pas forcément bien. Ils sont filmés en permanence, et pris en charge par des adultes.
On ne sait pas quel est le lien entre ces deux intrigues, si ce n’est qu’un enfant dans le jardin ressemble étrangement à Maru. De même, rien ne nous indique que les deux intrigues se déroulent dans la même temporalité, et que le fameux « paradis » soit l’endroit où vivent ces enfants.
Ainsi, le premier élément frappant dans le récit est sa forte aura de mystère, qui fonctionne par ailleurs admirablement. Les récits à suspense se doivent de réussir à capter notre attention en posant des questions intéressantes, et en distillant régulièrement des éléments qui permettent de nourrir notre curiosité et notre soif de compréhension. Dans le domaine, A Journey Beyond Heaven fait figure d’excellent élève car Hishiguro arrive à toujours apporter de nouveaux éléments à l’histoire qui épaississent le mystère sans jamais frustrer ou donner un sentiment de trop peu, si bien qu’en trois tomes, on a déjà un univers très dense, mais également beaucoup de questionnements qui s’accumulent dans notre tête, donnant toujours envie d’en savoir plus.
D’autant plus qu’en dehors du simple plaisir narratif, le récit est très riche en terme de thématiques. On peut surtout en dégager une particulièrement centrale, qui est le rapport au corps et à l’éveil sexuel. Les enfants dans le jardin entrent pour certain dans la puberté, et la question des premiers émois sexuels et amoureux commence à se poser au fil des tomes. Ainsi, le rapport au corps (au sien à et celui de l’autre) arrive petit à petit. Et il s’accompagne également de questionnements sur le genre et la dysphorie de genre. Sur ce point, je n’en dirai pas plus car cela pourrait occasionner quelques révélations que je préfère vous ménager.
Toujours est-il que puberté, rapport au corps et au genre et éveil à la sexualité sont des thématiques déjà très mises en avant dans ces trois premiers tomes, traitées avec intelligence et qui peuvent s’avérer très fertiles sur la longueur.
Mais, récit post-apo oblige, on a également droit à notre dose de stress, que ce soit avec les survivants pas toujours bienveillants entre eux, ou les créatures monstrueuses dont on ignore encore tout. Et sur ce point, le titre arrive à se démarquer de certaines influences écrasantes. Si il a été souligné à de nombreuses reprises la parenté esthétique évidente avec Akira de Katsuhiro Otomo, Masakazu Hishiguro arrive très bien à imposer sa propre patte, sans jamais singer son modèle. Ainsi, son trait est plus rond et chaleureux, tout en conservant un certain goût pour les grands décors dévastés.
De même, l’ambiance joue volontiers d’une alternance entre la dureté du monde et une certaine légèreté qui fonctionne parfaitement, rendant la lecture toujours extrêmement fluide et agréable. Cet aspect passe également par le travail sur Maru et Kiruko, tous deux écrits avec une grande précision dans le développement psychologique et leurs échanges.
Enfin, évoquons quand même un peu ce troisième volume. L’auteur continue d’alterner entre les deux lieux, et les différents personnages, et s’il distille encore de nouveaux éléments, le mystère reste toujours aussi épais. Cependant, aucune forme de frustration au rendez-vous car Hishiguro sait rendre son univers passionnant et son récit avance suffisamment pour que le volume passionne.
Notons que les relations entre certains enfants dans le jardin évoluent, tout comme celle entre Maru et Kiruko. Et surtout, on découvre un groupe à forte connotation religieuse dans le monde extérieur, qui évoque encore une fois des poncifs du genre post-apo, mais qui fonctionne très bien et parvient à enrichir le récit. Ceci permet d’apporter un nouveau questionnement lié au corps, notamment au corps meurtri. Et pour finir, le tome se conclut sur un cliffhanger qui va rendre l’attente jusqu’au 7 juillet, date de sortie prévue du quatrième tome vraiment difficile.
Ainsi, j’espère vous avoir convaincu de jeter un œil à ce titre, tant la série est pour moi un gros coup de cœur depuis son premier tome. Le mangaka a réussi à s’affranchir de certaines références écrasantes du genre pour proposer un récit plutôt original, mais surtout extrêmement maitrisé et des plus prometteurs, que ce soit dans son univers, son récit ou les thématiques qu’il charrie. Si on ne peut pas prévoir à l’avance la qualité globale de la série, il est évident qu’en seulement trois tomes, A Journey Beyond Heaven frappe déjà très fort, si bien qu’il serait dommage de passer à côté de ce titre qui a encore énormément à offrir.
Un titre sur lequel j’entend beaucoup de bien ces dernier temps et qui ne m’intéressais pas plus que ça lors de sa sortie en france. Mais à force d’en attendre parler il va vraiment falloir que j’aille l’acheter x).
Il y
J’aimeAimé par 1 personne
Il y a juste le design des personnages sur lesquels j’ai encore un peu de mal.
J’aimeJ’aime
Ce point m’a plu personnellement, mais je sais que tout le monde n’y adhère pas. Après, je pense qu’une fois dans le bain on s’y fait.
En tour cas si tu as envie de tenter, je pense que le premier tome suffira à te faire une idée pour savoir si tu veux continuer ou pas.
J’aimeAimé par 1 personne
Je me joins à lui pour la conseiller 😉😊
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci de vos retours ❤️.
Effectivement je pense que c’est surtout une question d’habitude pour le design des personnages. Je me note sur une liste de ne pas oublier de prendre le tome 1 lors du mon prochain passage en librairie, et je verrais par la suite si je continue la série
J’aimeAimé par 2 personnes
Je l’espère. Faudra nous die ce que tu en as pensé !
J’aimeJ’aime
Tu m’as perdue à post apo XD mais je suis sûre que ce titre peut plaire à d’autres ! C’est vrai que je n’en entends quasiment pas parler..
J’aimeAimé par 1 personne
Ah, moi j’aime beaucoup le postapo ! D’ailleurs il faut aussi que je m’achète Eden chez Panini mais ils sortent 2 tomes en grand format à 16 euros chacun ! Je suis sur la paille moi.
Et ce sera la même la semaine suivante avec Banana Fish…
Mais oui, ce titre fait peu parler malheureusement, et sur les réseaux quelqu’un a indiqué qu’il se vendait pas, tout comme Blue Period.
J’aimeAimé par 1 personne
Ah Blue Period a aussi des soucis ? J’avais pas trop aimé mais bon c’est dommage car beaucoup de gens semblaient l’apprécier.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, apparemment le manga ne se vend pas trop.
Tu sais, j’ai vraiment le sentiment que si tu n’es pas un shonen ou un seinen vendu par un grand nom, tu as bien plus de chances de te ramasser que de trouver ton public.
D’après les chiffres de vente 2020, 80% des ventes de mange sont des shonen, 15% des seinen et donc le shojo fait partie des 5% restant. C’est un peu triste (mais pour le coup, je pense que c’est pareil dans tous les médias, genre le cinéma où le top 10 annuel est trusté par 7 films Disney/Marvel/Star Wars depuis 10 ans).
J’aimeAimé par 1 personne