Magic Knight Rayearth T.2 et Chobits T.3 & 4 de CLAMP

Magic Knight et Chobits

Ayant toujours plaisir à découvrir des titres plus anciens, je ne peux pas passer à côté des rééditions des titres de CLAMP (à plus forte raison quand Pika me les envoie, je les en remercie par ailleurs). Le collectif ayant laissé quand même pas mal de titres qui sont restés, qui ont su marquer durablement une partie du lectorat. De ce fait, c’est avec grand plaisir que de mon côté je découvre ces titres, au gré des rééditions comme c’est le cas avec Magic Knight Rayearth et Chobits, dont il sera question ici.

Ayant déjà abordé le premier tome de chacune des séries en les resituant au passage, on va aller plus vite dans cet article, en essayant quand même de proposer quelques points de réflexion qui, je l’espère, vous intéresseront.


Magic Knight tome 2Magic Knight Rayearth T.2

Mon avis sur le premier tome

Après avoir battu Alcyone, Hikaru, Umi et Fû rencontrent Presea sur le conseil de Clef. L’armurière les charge d’aller à la source Eterna pour récupérer de l’escudo, un minerai essentiel à la confection de leurs armes. Mais bien qu’elles soient accompagnées par Mokona, le chemin est périlleux, et elles, encore bien inexpérimentées…

J’en avais rapidement parlé dans mon article sur le premier tome, mais cette série datant de presque 30 ans, il faut faire un effort pour se replonger dans le contexte de l’époque, où un univers de fantasy n’avait pas forcément besoin d’être aussi travaillé qu’aujourd’hui pour être immersif. Magic Knight Rayearth étant parfois considéré comme un « proto-isekai », on y retrouve certains codes issus du jeu vidéo, qui est explicitement cité à de nombreuses reprises.

Les trois héroïnes venant de Tokyo, et étant gameuses dans l’âme, elles plaquent leurs référents vidéoludiques à cet univers afin de s’en sortir. Et de la même façon, les CLAMP ne cachent pas leurs inspirations, en particulier en ce qui concerne la construction narrative et le cheminement des personnages.

Magic Knight

Qu’est-ce que j’entends par là ? C’est tout simplement que le récit est drivé par une quête on ne peut plus simple, et que l’univers est construit à base de passer d’un environnement à l’autre, sans réel liant, avec comme seuls enjeux la rencontre avec un nouvel ennemi à affronter, et d’éventuels alliés qui aideront les héroïnes, à la façon d’un jeu de rôle japonais des années 80-90 très peu travaillé au niveau narratif. De même, on voit clairement la montée en expérience, avec le fait que les équipements soient évolutifs et changent d’apparence après chaque rencontre.

Tout ceci crée un style assez désuet, mais qui colle à l’époque de publication du titre et qui, pour peu qu’on fasse cet effort de contextualisation, passe fort bien. Mais le point sur lequel il n’y aura pas à faire d’effort, et qui est clairement le point fort du titre, c’est l’esthétique, toujours somptueuse, et qui me semble pas mal inspirée des artworks de Yoshitaka Amano, le character designer historique de la saga Final Fantasy (qui n’officie plus dessus depuis un moment cependant).

Ainsi, cette série est clairement un petit voyage dans le temps, vers une époque où l’on se contentait de récits bien moins travaillés drivés par une évolution graduelle de la puissance des personnages et des enjeux finalement assez basiques. Il faut réussir à se mettre dans l’état d’esprit pour apprécier à sa juste valeur ce genre de titre. Me concernant, je passe vraiment un très bon moment avec.


Chobits 3-4Chobits T.3&4

Mon avis sur les tomes 1 & 2

Après que Chii a provoqué l’arrêt simultané des PC de tout un quartier, Hideki est troublé. Et, tandis qu’il prend conscience de l’omniprésence des machines autour de lui, les tragédies qui frappent certaines de ses connaissances l’amènent à se questionner sur le bien-fondé de l’humanisation des PC. Cette question l’obsède d’autant plus que Chii s’éveille chaque jour un peu plus. Or, à mesure qu’elle s’humanise et tente de se rapprocher de Hideki, ses étranges facultés se débloquent, ce qui n’échappe pas à la vigilance de deux mystérieux individus. Pour eux, la traque commence…

Avec cette autre série de CLAMP, j’ai le sentiment que je pourrais presque dire l’inverse de ce que je signalais concernant Magic Knight Rayearth. Car si la série de fantasy a un charme désuet qui demande à faire un effort de contextualisation pour être pleinement apprécié, Chobits est au contraire une série de SF qui vieillit particulièrement bien et dont les thématiques – très nombreuses par ailleurs – sonnent toujours très juste aujourd’hui.

Pour rappel, nous sommes dans un univers où les PC ont fini par adopter une apparence humanoïde, et leur intelligence artificielle est tellement perfectionnée qu’ils imitent très bien des réactions humaines, étant d’ailleurs capables d’évoluer afin d’adapter leurs réactions. De ce fait, alors que Hideki, jeune étudiant, découvre un PC à l’apparence féminine abandonnée dans des poubelles, il ne se doute pas que le PC en question, qu’il va nommer Chii, l’amènera à fortement se questionner sur son rapport à ces périphériques informatiques.

Des questionnements qui sont au cœur de ces tomes 3 et 4, puisqu’on va constamment partager les pensées de Hideki, qui aura l’occasion de beaucoup discuter avec d’autres hommes sur ce sujet, car force est de constater qu’on se retrouve quasi-exclusivement avec des humains de sexe masculins, qui ont des PC à l’apparence féminine.

ChiiUn élément qui n’est clairement pas anodin et qui vient souligner une autre thématique, typiquement japonaise même sil elle peut avoir une certaine universalité : le renfermement sur soi, et l’utilisation d’outils informatiques pour tromper la solitude. Ainsi, le fait que les PC reproduisent fidèlement une apparence féminine n’est pas anodin, et permet de souligner les problématiques que rencontre le Japon depuis des années concernant la baisse de natalité, au moins en partie imputable à un renfermement sur soi des jeunes générations.

De même, le rapport à la femme et à son rôle au sein d’un foyer est très bien mis en avant par le biais des PC, qui semblent parfois de parfaites et dociles petites femmes d’intérieur. Enfin, sans trop en révéler, la question de jusqu’où les relations entre un homme et son PC peuvent aller sera évoquée, et on ne doute pas qu’elle continuera d’être traitée avec talent par la suite.

De plus, je trouve que la série laisse le champ libre à un certain nombre d’autres interprétations, parfois moins évidentes. J’ai notamment le sentiment que les PC peuvent tour à tour renvoyer aux animaux de compagnie, à de la main d’oeuvre, ou encore à un palliatif à l’absence de quelqu’un. Tout un tas d’utilisations qui sont porteuses de sens et d’idées thématiques intelligemment intégrées au récit, sans Jamais l’alourdir.

Et au-delà de ces thématiques riches, passionnantes et traitées avec intelligence, nous avons toujours un récit très bien mené, sur lequel planent encore pas mal de mystères qui demanderont à être dévoilés par la suite, nous tenant toujours en haleine. Sans parler de la galerie de personnages, qui va en s’étoffant, contribuant à la richesse narrative et thématique du titre.

En résulte deux volumes encore une fois passionnants, très actuels dans ce qu’ils racontent malgré l’âge de la série, et dont l’esthétique propre au collectif ne fait que renforcer la qualité globale. Ainsi, si Magic Knight Rayearth est un titre qui risque de ne pas trouver écho auprès de tout le monde, il est clair que Chobits, au contraire, a toutes les qualités pour encore aujourd’hui toucher un nouveau lectorat. 

26 commentaires

  1. Pour en revenir à « Magic Knight Rayearth », il faut ajouter que les couleurs des magical girls ne sont pas choisies au hasard lorsque les aventures de ces dernières sont adaptées en anime.

    Car elles représentent en partie le caractère des héroïnes *.
    • rose : féminité, innocence, pureté infantile, insouciance, romantisme, tendresse, bonheur
    • blanc : pureté brute, paix
    • rouge : passion
    • bleu : vérité, sérénité, loyauté, sagesse, confiance, mélancolie, intelligence, fraicheur, calme
    • vert : nature, espoir, chance, stabilité, apaisement
    • jaune : rayonnement solaire, joie, fête, fraicheur, dynamisme, humour, douceur, traîtrise, mensonge, amitié, fraternité
    • orange : dynamisme, bienveillance, joie, optimiste, créativité, communication, sécurité
    • violet : royauté, mélancolie, solitude, douceur, méditation, rêve, mystère
    • noir : mort, tristesse, obscurité, nuit, deuil, mystère, vide, élégance, sobriété, rigueur

    * Sur ce point, je reprends quelques détails de la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=jmN-6B8Aab4&t=602s

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  2. De rien. Toutefois, et j’insiste dessus à l’intention des éventuels néophytes qui souhaiteraient découvrir ce genre de récit, cela ne concerne que les version animées puisque les mangas sont en noir et blanc (Malgré la présence d’éventuelles pages en couleurs.)

    Et si voir des illustrations en couleurs sans texte dans un manga ne me gène pas outre mesure, je trouve que les pages en couleurs forment une rupture de style par rapport à celles en noir et blanc. Ce qui m’amène à les imaginer en noir et blanc quand je tombe dessus.

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  3. Je n’ai pas lu mkr et je ne pense pas m’y pencher parce que ça ne me plaira sûrement pas cet aspect désuet et le concept ne m’attire pas. Par contre j’adore Chobits, je suis à jour et je partage totalement ton opinion. Dingue de se dire que ce manga a une trentaine d’années !!

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  4. J’ai fini par relire Magic Knight que j’ai dans sa toute première édition ! J’ai adoré. Certes comme tu le dis, l’univers n’est pas forcément travaillé mais il y a ce plus, caractéristique des Clamp, qui fait que nous sommes totalement emporté. Moi ce que j’adore dans ce titre c’est l’humour omniprésent avec les délires de chaque personnage et la multitude de SD. J’ai extrêmement ri en le relisant. J’attends de voir ta réaction à lecture du dernier tome…

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