Découverte des classiques : Dragon Head de Minetaro Mochizuki

Dragon Head

À partir de quel moment un titre mérite le qualificatif de « classique » ? Quels sont les critères pour décréter ça ? Je pense personnellement qu’ils sont multiples, et que le travail du temps joue, c’est évident. Mais là aussi, on peut se demander à partir de combien d’années un titre peut devenir un classique. Le succès a aussi un rôle selon moi, mais une fois de plus, comment le quantifier ?

De ce fait, j’en suis venu à me demander si tel ou tel titre pouvait être considéré comme un classique, et si la question peut être débatue très longuement (j’ai vu des gens considérer que seul les mangas de Tezuka méritaient d’être considérés comme tel), finalement, on a le droit de considérer des titres comme des classiques même si les autres ne pensent pas forcément ça, et que le titre n’a pas été adoubé.

Dans le cas de Dragon Head, on est dans un entre deux. Je connais le titre de par sa réputation flatteuse et importante depuis que je m’intéresse au manga, et bien qu’il n’ait que 25 ans, j’ai le sentiment que son aura reste intacte, un signe révélateur selon moi.
De plus, Pika semble en avoir conscience et traite le titre avec soin, le rééditant de façon assez régulière puisque après une sortie en 10 volumes en 2001, la série a été rééditée en grand format entre 2010 et 2012, avant de revenir dans une édition en 5 tomes en 2017 dans la collection Graphic, pour connaitre une nouvelle édition dans cette collection selon une nouvelle charte graphique de grande classe et très sobre en 2021, avec le premier volume qui nous est arrivé en janvier. L’occasion de vous proposer un article, qui sera actualisé au fil des tomes, pour revenir sur toute la série.

Resituons la série

Lorsque Minetaro Mochizuki se lance dans Dragon Head en 1995, il est âgé de 30 ans et a dix ans de carrière derrière lui. Cependant, ce titre est son premier à parvenir en France, en 2001, grâce à Pika. Cette série l’a occupé de 1995 à 2000, dans le Young Magazine de Kodansha, et compte au final 10 volumes (compilés en 5 tomes doubles dans les dernières éditions de chez Pika).

Le titre a acquis une aura très importante, notamment en remportant plusieurs prix comme le prix Kodansha en 1997 et le « Prix de l’excellence » du prix culturel Tezuka en 2000. Il a également eu droit à une adaptation live en 2003, bien aidé par le style réaliste du manga. En bref, plusieurs éléments qui témoignent d’un certain succès, et surtout d’un certain prestige.

Dragon Head est souvent cité comme un titre majeur, de ces mangas à lire à la fois pour sa qualité, et pour notre culture personnelle. Et cette nouvelle édition chez Pika est l’occasion de la découvrir. Pour ma part, ma mémoire était déjà marquée par les couvertures des différentes éditions, notamment le fameux visage grimé que l’on voit sur la couverture du premier tome (ou du second sur les précédentes éditions).

De quoi nous parle cette série ? Comme je l’ai précisé en introduction, suite à un accident dans un tunnel, un train déraille et quasiment tous les occupants meurent. Nous suivons tout d’abord le jeune Teru, un garçon plutôt banal, qui a survécu au drame. Il va rencontrer Nobuo, un enfant qui semble bien perturbé, et Ako, une jeune fille assez banale. Et de la rencontre entre ces trois enfants dans un contexte dramatique, bloqués dans ce tunnel, va faire des étincelles. Mais ça, c’est le début de la série, et mon petit doigt (ainsi que le fait que je sois allé me renseigner) me dit que les choses vont être bien plus compliquées que ça.

Ceci étant posé, voyons tome par tome de quoi il en retourne (l’article sera actualisé au fil des parutions).

Tome 1

Dragon HeadComme dit lorsque j’ai abordé le pitch de base de la série, tout se passe après un accident de train dans un tunnel, dont on ignore la cause. Trois adolescents ont survécu : Teru, Nobuo et Ako. Ces deux garçons et cette fille vont devoir survivre, avec l’espoir de peut-être regagner la surface, malgré les difficultés liées au contexte et à la nature de chacun des survivants.

Et c’est sur cette base très simple que Minetaro Michizuki va développer une histoire passionnante qui évoque fortement Sa Majesté des Mouches de William Golding. Et une telle référence n’est pas rien ! Pour rappel, le roman de Golding nous raconte l’histoire d’un groupe d’enfants qui se retrouve isolés sur une île après un accident. Ils vont devoir tenter de survivre tous ensemble, sauf que les choses vont partir en cacahuète dans cette nouvelle civilisation sans règles, ou en tout cas avec des règles floues et des rapports moraux complexes. De ce fait Goldin montre, par le biais d’un groupe d’enfants qui va sombrer dans la barbarie, tout ce que l’homme peut avoir de mauvais, pervertissant cette figure de l’innocence. L’idée étant, basiquement, que sans les contraintes de nos sociétés, l’homme ne peut que devenir mauvais. En tout cas, c’est comme ça que je l’interprète.

NobuoEt Dragon Head fonctionne de la même façon dans ce premier tome, quand bien même le cadre est plus restreint et le nombre de personnages est moins important. Si Teru semble un adolescent sain et raisonnable, tout comme Ako, c’est Nobuo qui va vite vriller. On apprend qu’il était une victime, un enfant harcelé, et le fait de faire partie des survivants le met fort logiquement dans une position particulière. Il a vaincu ses bourreaux, qui eux sont morts, et va s’en donner à cœur joie sur leur dépouille, faisant passer toute sa frustration sur ces cadavres. Mais il va aussi être obsédé par la figure d’autorité représentée par l’adulte que l’on a vu dans la séquence d’ouverture.

On comprend donc rapidement, et comme on s’y attendait, que cette situation exceptionnelle a fait péter une durite à Nobuo, en partie car son vécu l’a grandement fragilisé psychologiquement. Et vous vous en doutez, cet aspect va être central et impacter sur les rapports entre personnages.

UnknownDe même, le fait que Ako soit une fille n’est pas anodin et va avoir une importance dans le développement de ce premier tome, notamment sur la question des rapports garçon/fille, et comment l’absence de repères moraux et de cadre social impacte sur cela (mais je n’en dirai pas plus). C’est sur ces différents points que l’on se rapproche du travail de Golding, même si Mochizuki arrive à tracer sa propre voie, et surtout, le côté Sa Majesté des Mouches est amené plus rapidement pour, je suppose (en vrai je le sais car j’ai fait quelques recherches), aller dans une autre direction dans les tomes suivants.

Quoi qu’il en soit, ce premier volume double a un effet coup de poing comme l’a le roman de Golding, présentant une vision sombre de l’adolescence et à fortiori de l’humanité lorsqu’elle est livrée à elle-même, reniant toute notion de civilisation pour sombrer dans une forme de sauvagerie. La façon dont se grime Nobuo et son retour à certaines pulsions est l’élément le plus révélateur de cet aspect. Et même Teru, pourtant bien plus raisonnable, va être victime de ceci du fait de la folie de Nobuo. Et Ako se retrouve au centre de ceci, mais bien plus en retrait. De ce fait, on peut également y voir un discours de l’auteur sur les rapports sociaux entre individus masculins, basés sur la domination et la violence. En tout cas, c’est comme ça que je l’interprète.

Ainsi, sans savoir où va la série dans son ensemble, on peut déjà y voir dans ce premier volume double un discours très fort sur l’humanité et sa nature, privée de toute contrainte sociale. De ce fait, le retour à un état proche de la sauvagerie de Nobuo contribue à un discours très sombre sur l’humanité, le même que celui de Golding, qui serait que l’être humain est mauvais par nature, et destiné à répondre à ses plus bas instincts si on lui en laisse la possibilité. Même si dans le cas de Teru et Ako, il semblerait qu’ils conservent une forme de bon sens, mais qui est lié au fait qu’ils croient encore à la possibilité de s’en sortir, contrairement à Nobuo. De ce fait, cela ne vient pas contredire l’idée principale de ces premiers tomes. À voir où va aller la série, et comment Mochizuki va dépasser le discours de Sa Majesté des Mouches, la référence évidente de son titre.

Tome 2

Le second tome est dans la continuité thématique du premier, mais prend un peu de hauteur. En effet, Teru et Ako quittent enfin le tunnel (sans Nobuo, très certainement mort) et découvrent que la terre ferme n’est pas en meilleur état. On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé, mais on découvre un décor de désolation, avec notamment une ville dévastée.

Ainsi, si on peut enfin respirer un peu en quittant cette ambiance claustrophobe, ce n’est pas plus joyeux pour autant, puisque les survivants que les deux ados croisent laissent leur violence se déchainer, notamment les forces d’auto-défense qui n’hésitent pas à commettre quelques exactions. On se retrouve ainsi dans quelque chose d’assez classique du genre postapo, où la survie passe au premier plan, et où l’absence d’ordre et de cadre fait que certains se livrent à la barbarie.

Ako devient ainsi une cible idéale face à des hommes armés qui semblent avoir très envie de s’en prendre à une jeune fille (on imagine facilement pourquoi). Et Teru, en témoin de ce déchainement de violence, semble sombrer petit à petit, renvoyant un miroir de la folie dans laquelle Nobuo sombrait dans le premier tome. Cependant, des bribes d’humanité et de civilisation persistent, puisque la violence dans laquelle il sombre semble être là pour protéger la vie d’Ako avant tout.

Ainsi, ce second volume double continue d’opérer une bascule dans la barbarie, avec une forme de retour à l’état sauvage, mais cette fois-ci pour l’humanité toute entière semble-t-il. Le mangaka pose de ce fait des questions sur ce qu’il a pu advenir du Japon, puisqu’on se demande quelle catastrophe a pu laisser un tel décor de désolation.

Tome 3

Teru a survécu tant bien que mal à la violence des précédents événements, mais est gravement blessé, et sans médicaments, il pourrait y rester. Ako et les deux membres des forces d’auto-défense encore en vie ont pris la fuite dans un hélicoptère, et ne découvrent que désolation et nuage de cendres. Ils finissent par atterrir sur une presqu’ile qui semble relativement épargnée, et rencontrent une femme qui leur raconte un peu ce qu’elle a vécu.

C’est alors que Ako décide d’aller avec Nimura, un des deux soldats, chercher de quoi soigner Teru en ville… Ville qui semble par ailleurs assez inhospitalière puisque les gens qui y sont ont sombré dans la folie. Ce troisième tome est donc très orienté action, rappelant des tropes encore une fois assez classiques du genre, avec des hordes de gens devenus fous qui tentent de tuer les personnes encore à peu près saines d’esprits.

Par ailleurs, le mystère s’épaissit au fil des rencontres, avec notamment un personnage très étrange, qui a probablement subit quelques expériences, en témoigne son crâne recousu et le fait qu’il semble totalement indifférent à tout ce qui peut se passer. Il semble ne plus ressentir de douleur ou de peur, et laisse les choses autour de lui se dérouler, de façon totalement passive. La question de la peur est par ailleurs centrale dans ce volume, qui crée une corrélation entre ce sentiment et le fait de perdre peu à peu son humanité et de sombrer dans la violence irrationnelle.

Encore une fois, si cela n’est pas nouveau à proprement parler, Mochizuki maitrise particulièrement l’évolution et la bascule de ses différents personnages. Au détour d’un geste, d’un regard ou d’une réplique, on comprend comment certains sombrent dans la violence là où d’autres arrivent à tenir bon. À ce titre, Nimura est particulièrement bien écrit, empreint d’énormément d’ambiguïté et de profondeur, là où Ako est plus volontiers positive, arrivant à rester focalisée sur son objectif, sauver Teru, ce qui lui permet de conserver son humanité.

Enfin, le jeune homme au crâne recousu est le plus porteur de mystères dans ce nouveau volume, puisqu’on s’interroge sur ce qui a pu lui arriver, mais aussi sur certaines des rares choses qu’il arrive à dire, notamment le mot « Dragon », contenu dans le titre de la série qui pour le moment reste nébuleux. De plus, son rapport indifférent à la violence, à la douleur et à la peur, le rend aussi fascinant qu’inquiétant, et vraiment porteur de sens dans le contexte de ce récit, toujours plus tendu et hypnotique.

Tomes 4&5

Dragon Head

La dégringolade est totale ! Lire ces deux tomes fut assez éprouvant. L’heure des réponses (partielles quand même) est arrivée, et tout est tellement décevant, que ce soit en terme narratif, de rythme du récit, mais aussi et surtout thématique.

Nous reprenons avec les personnages qu’on suit depuis le début ou presque, avec toujours Teru et Ako en duo principal, mais la magie n’opère plus. On a un fort sentiment de répétition, qui passe essentiellement grâce au fait qu’on va avoir des réponses. Réponses qui malheureusement sont décevantes, puisque tout ce qui était relativement subtil dans le premier volume, lorsque les enfants étaient seuls dans le tunnel, devient ici surligné, sans pour autant gagner en profondeur.

En effet, on avait compris depuis longtemps que la notion de peur était essentielle dans le récit, notamment par le biais de Nobuo qui s’est vu bouffé par celle-ci, oubliant toute forme de convention sociale pour revenir à une certaine bestialité. La conclusion du récit nous ramène à cette idée, avec la peur de la mort comme élément central, travaillant plusieurs des motifs mis en avant au fil de l’histoire. 

Mais rien n’y a fait, chaque réponse apportée n’a fait qu’augmenter la déception liée à un final convenu et à la portée réflexive on ne peut plus basique (selon moi, bien entendu). Des lourdeurs d’autant plus dommageables qu’elles étaient absentes du début de l’histoire. En résulte un sentiment de gâchis, et pour ma part une très grosse déception, pour une série qui ne me marquera clairement pas, si ce n’est pas le fait qu’elle était riche de promesses dans sa première partie, qui n’auront malheureusement pas été tenues.

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30 commentaires

  1. Aaaaaaah ! Tu me donnes envie de le relire (et clairement je n’ai pas le temps et une pile qui commence à s’entasser – avec des SP, donc…) Mon mari les a dans sa bibliothèque, je me les notes tout de même.

    De mes souvenirs (même si ça date) la série est vraiment bien dans son ensemble. Mais ça date d’il y a trèèèèès longtemps vu que je les ai lu à leur sortie. Et je me fais vieille…

    Bref, je suis curieuse de savoir ce que j’en penserai 20 ans plus tard (mandieu… déjà 😱😱😱)

    Aimé par 2 personnes

    • Oui, relire après des années une série est vraiment quelque chose d’intéressant je trouve. Notamment parce qu’on sait d’avance ce qui va de passer ce qui peut en modifier notre lecture.
      En tout cas, ce premier volume double m’a bien calmé. Meme si étant fan de Sa Majeste des Mouches (je pense que ça se sent dans mon article 😁), je m’attendais totalement à ce développement. Mais ce n’est pas un soucis tant c’est bien fait. Et en plus je sais qu’on va aller dans une autre direction par la suite.

      Aimé par 1 personne

      • Qu’est-ce qui fait qu’un titre finit par être considéré comme un classique ? Pour moi, cela tient avant tout :
        1. Au contexte dans lequel il a vu le jour.
        2. Au style de l’auteur.
        3. Aux messages que l’auteur a envoyés.

        J’aime

      • Je pense que les 3 critères cités ont leur importance, mais il faut du coup les mettre tous les trois en perspective avec l’impact qu’ils ont.

        Après je crois que pour de nombreux cas, il y a des désaccords sur le qualificatif de « classique ».
        Genre pour Akira et les mangas de Tezuka je pense qu’on est tous d’accord. Mais par exemple, je pense que pour beaucoup Naruto ne peut pas être qualifié de classique, mais de mon point de vue il en fait partie.

        Aimé par 1 personne

  2. Je suis justement fascinée par le côté extrême et jusqueboutiste de ce titre. J’avais bien accroché au premier tome simple, il le tarde de poursuivre. Et merci pour la référence que je n’avais pas, il faut que je me penche dessus 😉

    Aimé par 1 personne

  3. Très sympa cette idée d’article actualisé même si du coup il ne va pas réapparaître dans le lecteur wordpress à chaque fois 🤔 j’espère que je ne louperai pas tes maj même si je ne pense pas que ce manga soit fait pour moi !

    Aimé par 1 personne

  4. Il est dans ma pal mais il me fait un peu peur… je pense qu’il va falloir que je choisisse bien mon moment pour le lire…
    Sinon dans les critères pour qu’un titre soit un classique il y a aussi l’inspiration qu’ils donnent à ses contemporains ou à ses successeurs je pense… un truc immatériel qui le rend incontournable et qui inspire… mon avis 😉

    Aimé par 1 personne

    • Oui, tu as parfaitement raison sur ce dernier point. D’ailleurs en introduction du volume il y a un auteur de comics qui resitue rapidement l’impact du titre sur lui et ses collègues. Je reste prudent quand même avec ce genre de témoignage, mais il semblerait au moins qu’on cherche à mettre en avant un certain impact qu’a eu Dragon Head.

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  5. Je reviens après avoir lu le dernier tome et même déception que toi face à la thématique et la narration archi poussive et répétitive de l’auteur. Je suis bien déçue des réponses bien légères autour de la catastrophe et des dragon head. C’est archi bateau. C’est dommage parce qu’il y avait vraiment des choses à faire autour de ce monde post-apo V.V
    Après cela n’enlève rien au plaisir que j’ai pris à lire le reste personnellement mais j’ai eu l’impression qu’il était dépassé par son histoire et ne savait plus comment la boucler…

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    • J’ai eu aussi un peu ce sentiment. En résulte une sensation de redite, de série trop longue pour si peu, et une vraie grosse déception par rapport au premier tome excellent et aux seconds et 3e qui étaient moins bons mais à la hauteur pour moi.
      Grosse déconvenue en définitive…

      Aimé par 1 personne

      • Sur ce point, j’ai peur que ce soit pire pour moi. En dehors du premier tome, je les lisais par deux, et donc ça faisait pas mal de lecture d’un coup, et je me demande si le sentiment de répétition et de redondance dans la structure du récit ne serait pas encore plus difficile à digérer en lisant d’une traite.

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