Premier manga français de 2021 que je lis, Skilled Fast est une série qui m’intéressait de par son sujet et son univers cyberpunk. La jaquette avait beau ne pas m’attirer du tout, et je ne savais finalement pas grand chose de ce que le titre racontait, mais j’étais quand même intéressé. Car le cyberpunk est un courant littéraire (et pas que) qui me parle beaucoup. Oui, parfois c’est suffisant pour s’intéresser à un titre. Et j’ai bien fait car on va le voir, en dépit de certains défauts, Skilled Fast est vraiment un titre qui vaut le coup.
Un grand merci à H2T pour l’envoi de ce premier tome. Vous pouvez trouver un extrait de ce premier tome sur le site de l’éditeur via ce lien.
En 2097, les humains désormais augmentés utilisent des SkilledFast : un implant situé dans leur nuque permettant d’acquérir de nouvelles compétences tout en améliorer considérablement leurs capacités et leurs aptitudes.
Julia Stevens, le capitaine de la police de Central City, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées mises en scène, leur SkilledFast arraché. Au point mort dans ses investigations, elle reçoit l’aide providentielle de Roman Kirkgard. Un ancien policier reconverti en détective privé, lui-même sur les traces de cet étrange serial killer, pour des raisons clairement plus personnelles !
Avant de parler de ce que raconte le titre, qui est son gros point fort, autant commencer avec l’élément problématique, mais que j’ai rapidement réussi à oublier : l’esthétique ! Soyons honnête, le dessin n’est vraiment pas magnifique, en plus d’être inégal. Je le qualifierai de correct sans plus, avec parfois un travail de perspective ou de morphologie des personnages pas toujours heureux. De plus, les designs des personnages sont vraiment impersonnels, voire assez moyens, à l’exception notable d’un personnage que je trouve particulièrement réussi visuellement.
Bref, pour dire les choses simplement, le titre ne flatte pas forcément la rétine, chose qui peut s’expliquer par le fait qu’il s’agisse du premier travail d’un jeune auteur, dans le contexte de production français qui n’aide pas forcément à produire des visuels ultra peaufinés (quand bien même on peut trouver des mangakas français à l’esthétique magnifique, je ne dis pas le contraire, mais j’entends surtout par là que l’on ne laisse pas forcément le temps aux auteurs de parfaire chaque élément). Mais si le titre n’est pas forcément de toute beauté visuellement, il arrive à happer grâce à son écriture !
On ne va pas concéder à ce premier tome une grande originalité dans le genre cyberpunk, certes, mais il n’empêche que l’auteur a l’air d’assez bien connaitre le genre, et d’avoir bien pensé son univers et son récit. Nous sommes basiquement dans une histoire de serial killer, rehaussé par un univers cyberpunk proposant d’assez belles idées. Comme l’explique le résumé, dans cet univers, les individus utilisent des SkilledFast, des implants leur permettant d’apprendre sans effort des choses complexes de tout ordre, que ce soit la maîtrise d’une discipline sportive, artistique, des jeux vidéo, ou des compétences intellectuelles ou sociales, n’importe quelle chose qui s’acquiert par l’expérience peut ici être acquise sans effort, via l’implantation d’une puce.
Mais un certain No Skill kidnappe des gens, leur ôte leur SkillFast par le biais d’une intervention qui les empêche d’en recevoir de nouveaux à vie, et les séquestre. L’idée est de leur proposer le choix entre vivre sans SkillFast et mourir. Les gens choisissent toujours la mort, mais l’agent de police Roman Kirkgard est le premier à survivre (contrairement à sa compagne, séquestrée en même temps que lui). Dès cet instant, il décide de traquer No Skill, devenant enquêteur privé. D’autres personnes ont survécu après lui, mais les meurtres avec mise en scène macabre continuent cependant.
De ce fait, vous l’aurez compris, l’aspect policier et la traque du tueur sont les premiers éléments au cœur du récit, avec recherche d’indices, travail sur le portrait psychologique de No Skill, etc… Et si on retrouve des éléments qu’on a déjà vu maintes fois dans le genre policier, c’est très bien écrit et suffisamment maîtrisé pour rendre le récit vraiment haletant. Et ce n’est qu’un élément de l’histoire, puisque sa richesse lui vient surtout de son univers et des questionnements qui sont posés.
Car le cyberpunk est un genre qui a comme ambition principale d’interroger ce qu’est l’être humain et son rapport à la machine, à l’intelligence artificielle et au corps. Les augmentations cybernétiques sont monnaie courante dans le genre et les SkillFast sont en plein dans ces interrogations. Dès ce premier tome, des questions morales et éthiques sont posées par rapport à cela. On parle d’exemples tels que les artistes qui seraient finalement des gens lambdas possesseurs d’un SkillFast spécifique, idée qui peut concerner les sportifs professionnels, etc…
Et évidemment, si les nombreuses vertus de ce système sont mises en avant, des voix dissonantes s’élèvent. Tout d’abord, le fait qu’un grand groupe industriel ait la mainmise sur le commerce de SkillFast, créant une dépendance des gens vis-à-vis de celui-ci est mis en avant. Cet élément est d’ailleurs très caractéristique du genre cyberpunk, encore une fois. Et le personnage de No Skill interroge aussi ce système. Évidemment, à ce stade (1 tome sur 3), on ne sait pas encore de quoi il en retourne, d’où lui vient son aversion des SkillFast, mais nul doute qu’il s’agira d’un élément important de l’intrigue qui nous permettra de développer les questionnements éthiques et moraux du titre.
En l’état, ce premier volume est une bonne entrée en matière, qui si elle manque d’originalité, n’en reste pas moins très sérieuse dans sa façon de traiter des codes du genre. Le côté histoire de serial killer rend vraiment le récit plus haletant, et fait qu’on a très envie de connaitre la suite. Ainsi, malgré une esthétique vraiment pas très heureuse, Hachin a réussi à proposer un premier tome tout à fait solide pour une série qui a un potentiel certain. On verra dans quelques mois si le tome 2 confirme cela, mais personnellement je n’ai pas trop de doute !
Bonjour, ça me fait beaucoup penser à une série. J’ai oublié le nom mais la série suivait le même principe. La puce à la nuque était détruite et parfois arrachée. Peut-être que le nom de ma série me reviendra.
Pour en revenir au manga, ta description me donne vraiment envie de le découvrir.
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J’ai vu des gens sur twitter comparer à la série Altered Carbon, mais je ne l’ai pas vue.
Moi ça m’a un peu fait penser au film Strange Days, qui a un concept different mais qui fait partie de mes références en Cyberpunk.
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Voilà c’est le nom que je cherchais : Altered Carbon. Par contre, le film Strange Days, je connais pas.
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Si le genre Cyberpunk t’intéresse, je te le recommande. C’est un film des années 90 avec Ralph Fiennes, écrit par James Cameron et réalisé par Kathryn Bigelow qui se déroule au passage à l’an 2000.
Une histoire policière centrée sur un sérial killer également, avec un outil qui permet d’enregistrer ce qu’on vit pour le revivre par procuration via un truc qu’on met sur la tête. C’est vraiment un super film.
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Merci, je vais le chercher.
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Si je ne suis pas une grande connaisseuse, j’aime bien lire de temps en temps des romans cyberpunk. Je ne suis pas certaine d’avoir déjà regardé du côté manga pour ce genre, alors je note avec plaisir ce titre d’autant que bizarrement et, à part la première planche dont le découpage m’interroge, je ne trouve pas les illustrations si moyennes que cela…
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En fait j’ai pris des images trouvées sur Internet là, qui sont parmi les plus belles du titre.
Je trouve vraiment que c’est très inégal, avec quelques moments plus inspirés, des passages un peu vilains avec des soucis de proportions et de design.
Globalement je n’ai pas trouvé l’esthétique folle, d’où le fait que j’ai tenu à le souligner, mais elle n’a pas été un frein non plus.
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Tu as été sympa du coup dans le choix de tes illustrations 🙂
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Oui, sur le coup je n’avais pas le temps de prendre de photos (et pas l’ouvrage sous la main je crois), du coup j’en ai pris rapidement sur Internet. Du coup c’est pas les plus moches, je me suis même dit « en fait ça va » en les voyant 😁
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Mouais.. Je suis pas trop convaincue j’avoue. Déjà le manga français ça me plaît rarement (jamais en fait quasi jusqu’à présent) mais en plus l’esthétique et l’histoire.. Fin je préfère me refaire psychopass 😅
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Psychopass j’avais commencé l’anime qui m’avait tout de suite accroché… et j’ai arrêté après 2 épisodes car jamais pris le temps de continuer. Un jour je m’y mettrai.
Il y a quand même de bonnes choses en manga français, j’avais beaucoup aimé Nova et ce premier tome aussi est je trouve vraiment bon, même s’il reste dans des carcans très classiques (et que visuellement c’est pas ouf, mais ça j’ai rapidement fait abstraction).
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Franchement c’est un manga extraordinaire qui mérite que tu lui consacres du temps !
Meh peut être mais pas à mon goût 😅
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Oui, je pense que tot ou tard je regarderai au moins l’anime de Psychopass. Meme si je n’ai pas tout bien compris car j’ai vu qu’il y avait des films aussi, et je sais pas s’ils font partie de la continuité ou non.
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De ce que je sais les films sont à part 🙂 Je n’ai pas encore pris le temps de les regarder donc j’ignore ce que ça vaut !
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Ton avis m’intrigue beaucoup ! C’est une de mes lectures prévus du jour également 😉
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Excellente lecture à toi. J’ai trouvé l’écriture vraiment réussie !
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Il est dans ma PAL et je ne l’ai pas encore lu, ce sera pour cette semaine. Toutefois, j’avais eu l’occasion de le feuilleter et effectivement, le dessin est encore maladroit, rigide ( de ce que j’en ai vu). Tout de même, l’intrigue me donne bien envie 🙂
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Oui, c’est ça. Le dessin est rigide, il y a des soucis de proportions et des designs pas très inspirés, mais l’écriture a clairement réussi à me faire dépasser ça et au final j’ai vraiment accroché.
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Je crois vraiment que c’est le plus important au final.
Et le dessin, l’auteur s’améliorera avec le temps (c’est en forgeant que l’on devient forgeron est on ne peut plus vrai).
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Exactement, c’est la première publication de l’auteur, il a largement le temps de s’améliorer. Puis le contexte de création est jamais facile et doit aussi jouer. Je pense que les artistes sont les premiers à voir les défauts dans leur dessin, mais n’ont pas la possibilité de tout peaufiner à l’extrême.
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Oh que oui ! C’est pour ça que j’ai arrêté le dessin. Je n’étais jamais satisfaite et trop critique envers moi-même. Aujourd’hui, j’écris et j’évite de trop me critiquer… enfin, mon conjoint le fait bien mieux à ma place 😉
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Le bougre ! J’espère quand même qu’il sait rester constructif dans ses critiques et que ça t’aide à avancer !
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Ah ! Ah ! Sur le premier tome on a eu des disputes parce qu’il ne mâchait pas ses mots. Sur le second, ça va mieux, il parait que j’ai progressé 😉
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On progresse constamment !
Je t’avoue que je n’ose imaginer ce que ça doit donner, je crois que personnellement j’ai encore beaucoup de mal avec l’idée qu’on puisse juger ce que je fais, et si j’écrivais de la fiction ce serait pire.
D’ailleurs à part ma femme il n’y a quasiment personne dans mon entourage au courant pour mon blog. Et même ma femme, j’ai mis quelques mois avant de lui donner l’adresse.
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[…] Mon avis sur le premier tome ICI […]
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