Mon avis sur… Slam Dunk Star Edition T.13 & 14 de Takehiko Inoue

Slam Dunk

Impossible de commencer un article sur Slam Dunk sans rappeler les superlatifs habituels. Non seulement c’est d’une beauté visuelle folle, magnifiée par un découpage et des cadrages ultra dynamiques, mais en plus et comme toujours, il y a le travail d’Inoue sur les personnages, qui se définissent dans l’effort et dans l’action. Slam Dunk est une pépite, un diamant brut et une oeuvre majeure qui mérite totalement son aura. J’espère, comme à chaque nouveau tome, que cette Star Edition va contribuer à rendre ce manga encore plus important chez nous, car il le mérite amplement. On dépasse largement le cadre du shonen ou du manga sportif, tant la vision des choses proposée par Inoue arrive à être profonde tout en restant accessible au plus grand nombre. Inoue est un maître, un point c’est tout. Nous allons donc voir une fois de plus en quoi.


Avant de commencer, je remercie Kana pour l’envoi de ces deux tomes, qui me fait énormément plaisir compte tenu du fait que cette série est chère à mon cœur.


Mon avis sur les tomes précédents : Tome 1Tome 2Tomes 3&4Tomes 5&6Tomes 7&8Tomes 9&10Tomes 11&12


Si j’avais eu quelques réserves d’ordre purement esthétique sur les deux précédents tomes, Inoue et son équipe ont réussi à les faire voler en éclat dès le début du tome 13, qui retrouve toute la virtuosité et la superbe de la série pour notre plus grand plaisir. Autre plaisir, celui d’avoir toujours deux tomes à la fois, bien qu’ils soient un peu plus fins ici (moins de 250 pages chacun). Cependant, cette durée plus courte s’explique par un découpage des tomes des plus cohérents, puisque tout le tome 13 aborde la fin du match contre Ryonan, alors que le 14 permet de prendre un temps de respiration avant de se relancer dans la compétition, avec chaque personnage qui commencera à réfléchir à son avenir. Autant prendre les choses dans l’ordre et évoquer chaque tome à son tour de ce fait, même si Inoue a l’habitude de mêler l’aspect sportif et l’aspect humain au sein de son titre, et le fait toujours dans ces deux volumes.

J’en avais parlé dans mon précédent article, Inoue a eu la bonne idée de se focaliser un peu sur le personnage de Uozumi, afin de montrer sa détermination et l’importance de ce match pour lui. Ce faisant, il est compliqué d’être totalement pour Shohoku durant le match car on prend conscience que les enjeux sont aussi importants pour tous les joueurs, quelle que soit leur équipe. Ainsi, on a un match particulièrement tendu, déjà parce que les équipes sont au coude à coude, mais aussi car on a envie de voir tout le monde réaliser son rêve, sauf que ça ne sera pas possible.

UozumiCe treizième tome reprend donc où nous en étions, à quelques minutes de la fin du match, où l’écart de points en faveur de Shohoku n’est pas suffisant pour que la victoire leur soit assurée. Ce tome va quasiment être entièrement dédié à un duel entre Sendo, le fameux génie de Ryonan, et Rukawa, autre génie du côté de Shohoku. Avec toujours cependant l’inconnue Sakuragi, au fort potentiel mais dont le caractère de débutant fait qu’on ne sait jamais s’il va être un atout ou une épine dans le pied.

Et si la recette est la même (quelques flash backs sur certains personnages pour que l’on comprenne leur détermination, des retournements de situation en veux-tu en voilà, beaucoup de tension et d’émotions…), elle fonctionne toujours aussi bien grâce au talent narratif et esthétique d’Inoue (les deux étant liés). Jusqu’à une conclusion encore une fois particulièrement forte émotionnellement. Conclusion que je ne dévoilerai pas car un article est prévu concernant la scène finale de ce tome, qui fonctionne en miroir avec une que j’ai déjà analysé (voir ici). Je peux simplement dire qu’elle est une fois de plus magnifique et particulièrement intelligente et bien vue de la part d’Inoue.

Le tome 14, quant à lui, se propose de développer les personnages, via des questionnements propres à chacun sur leur avenir au-delà de leur pratique du basket. Etant tous lycéens, ils sont en effet dans une période de questionnement, où l’on doit se décider concernant la voie à suivre. L’occasion de développer les personnages principaux et… le coach Anzai, personnage ô combien charismatique ! C’est au travers d’une conversation avec Rukawa qu’on en apprend un peu plus sur lui, et surtout sur son rapport à ces jeunes en pleine construction. 

On rejoint ainsi l’archétype du vieux sage cher aux shonen nekketsu d’une certaine façon, mais on trouve surtout une figure de pair (voire de « père ») qui met ces jeunes sur la bonne voie pour réussir dans leur vie, nous ramenant à la confrontation avec Mitsui dans les tomes 5 et 6, qui nous offrait une séquence poignante permettant de comprendre l’importance du lien entre ce jeune garçon et son coach. Ce renvoi, loin d’être anodin, confirme le talent insolent d’écriture d’Inoue, une fois de plus, qui a construit sans en avoir l’air de façon extrêmement méthodique le personnage du coach Anzai, en retrait de prime abord mais pourtant fondamental.

Et Anzai a justement fort à faire dans ce tome, puisque, alors que les joueurs de l’équipe partent tous en stage d’entrainement, il va prendre Sakuragi en tête à tête afin de lui concocter des exercices personnalisés. Car son statut de joueur débutant (seulement quelques mois se sont passés depuis le début de la série) est un élément potentiellement problématique, ce dernier ne pouvait se reposer que sur ses prédispositions physiques exceptionnelles. Ainsi, il va travailler avec acharnement pour rattraper ses lacunes au plus vite.

Nul doute que nous verrons rapidement les fruits de son entrainement, mais en l’état, ces deux volumes construits en deux temps (un volume qui achève un match, et un autre qui prend le temps de poser ses personnages) font encore une fois des merveilles. Et cette alternance est finalement à l’image de la série depuis ses débuts. Car si Inoue aime mettre en avant le sport (ce qui est normal compte tenu du genre investi), tout ceci est toujours fait sans jamais oublier la caractérisation des personnages, qui fonctionne de concert pour nous investir émotionnellement dans la compétition et dans les destins qui se jouent.

Ainsi, avec ces volumes 13 et 14, qui nous font dépasser les deux tiers du récit, on prend conscience une fois de plus d’à quel point Inoue sait rendre vivants et authentiques ses personnages, que ce soit sur le terrain et en dehors. Et c’est surement de là que vient la force de son manga, au-delà de la virtuosité esthétique de l’auteur et de la qualité de sa mise en scène, mais dans sa gestion insolente de la narration et du développement de personnages, qui fait qu’on dépasse largement le cadre du récit sportif pour être dans une oeuvre humaine, tout simplement, à l’image de ce qu’il a continué à faire dans la suite de sa carrière.

Slam Dunk

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