Mon avis sur… Hitman T.1 de Kouji Seo

Hitman

Parmi les (très) nombreuses sorties de la fin d’année 2020, Hitman de Kouji Seo faisait partie des titres que j’attendais énormément. En tant que gros fan de Bakuman, une nouvelle série se passant dans le monde de l’édition, mais dans un magazine différent et centré sur un éditeur et plus des auteurs, avait tout pour m’intriguer. Et mon coup de cœur récent pour Half & Half du même Kouji Seo n’a fait qu’intensifier mon niveau d’attente concernant cette série, toujours en cours au Japon avec déjà 10 volumes parus.


Je tiens d’ailleurs à remercier Pika pour l’envoi de ce premier tome, et je vous invite si vous êtes curieux à aller faire un tour sur la page dédiée à ce premier tome, qui vous permettra notamment d’avoir un long aperçu du contenu de celui-ci, afin de vous aider à vous décider.


Le jeune Ryûnosuke Kenzaki va enfin réaliser son rêve : travailler en tant qu’éditeur pour la rédaction du Shônen Magazine, célèbre hebdomadaire de prépublication de mangas. Très vite, Ryûnosuke va déceler assez de talent en Tsubasa, sa toute première auteure, pour décider d’en faire la mangaka N° 1 du Japon, aussi débutante soit-elle ! Mais tous deux vont découvrir que les coulisses du manga ont tout d’un monde cruel où seuls les plus compétitifs survivent…

Débarrassons nous tout de suite pour commencer de l’inévitable comparaison avec Bakuman. Si le manga du duo Ohba/Obata fait partie de mes séries préférées, Hitman a la bonne idée de ne pas chercher à marcher totalement dans ses pas. Comme je l’ai dit en introduction, Kouji Seo a choisi de se focaliser sur le travail d’éditeur, et développe des enjeux différents dès ce premier tome en plus d’avoir une esthétique et une écriture qui lui sont propres. De plus, il va pouvoir tirer profit de ses 23 ans d’expérience en tant que mangaka pour nous offrir un récit plein d’authenticité par rapport à SON parcours, tout comme Bakuman sentait le vécu pour Ohba et Obata. Ainsi, j’aime à voir les deux titres comme complémentaires plutôt que concurrents (de toute façon, ils ne sont pas contemporains l’un de l’autre, donc la concurrence ne pourrait se faire que dans nos esprits).

Et donc, qu’en est-il de ce premier tome d’Hitman ? Seo nous pose ici les bases d’un récit au long cours, dans lequel un jeune éditeur fraîchement embauché à la rédaction du Weekly Shonen Magazine va se retrouver en charge d’une mangaka en devenir. L’occasion pour lui de faire ses premières armes en drivant la jeune femme afin de présenter son histoire à un concours organisé par le magazine (une étape classique afin de viser une publication). Ils vont devoir l’un comme l’autre apprendre les bases de leur métier respectif afin d’évoluer ensemble pour pouvoir toucher leur rêve du bout des doigts.

Ryunosuke KenzakiJ’ai d’emblée beaucoup apprécié ce duo de personnages principaux, avec un Ryunosuke totalement sincère dans son amour pour le manga et dans sa volonté d’aider Tsubasa à percer, convaincu qu’un grand talent se cache en elle. Mais les choses ne sont pas simples et il y a de nombreuses étapes à franchir pour tout d’abord, être publié, et ensuite pour avoir du succès. Cet aspect est retranscrit de façon ludique avec d’un côté les chiffres de ventes cumulées des séries pour les éditeurs, et de l’autre un graphique de statistiques pour les mangakas (avec rendement, chance, dessin, histoire et mise en page). On a d’ailleurs l’occasion de voir des petits « level up » dans certaines statistiques pour Tsubasa, qui, on peut l’imaginer, ne fera que s’améliorer au fil des tomes.

Cette idée toute bête permet aussi de mettre en avant la différence entre le mangaka dont les statistiques représentent un versant « talent » et « artistique » là où le chiffre de vente qui suffit à résumer les éditeurs est sur le versant marchand et commercial de la chose. Finalement, c’est à l’image de ce qu’est le monde du manga, et le monde des industries culturelles dans leur ensemble : c’est de la tension entre les velléités artistiques et les enjeux commerciaux que naissent les œuvres.

Et le fait de se focaliser sur un éditeur permet de davantage s’attacher à toute la partie gestion humaine des artistes et les impératifs qui se jouent vis-à-vis de la hiérarchie, là où d’autres titres se focalisent sur l’aspect créatif. Ainsi, on découvre en même temps que Ryunosuke le monde de la prépublication, ses codes et ses règles hiérarchiques. Et c’est vraiment fascinant. Les mangas sur le manga sont légion, mais je me permet de penser que ce milieu est tellement riche, avec des approches tellement variées, qu’on peut multiplier les séries et points de vue sur la question sans forcément tomber dans la redite, et c’est exactement ce qui se passe avec Hitman, qui semble déjà bien parti avec ce premier tome pour tracer sa propre voie.

L'auteure numéro un du japon

Car en développant déjà la relation entre un éditeur et son autrice, on voit déjà une vision idéale du métier poindre, dans laquelle Ryunosuke croit totalement dans les capacités de Tsubasa et souhaite tout faire pour la voir éclore. Je trouve que cela confère au titre un petit côté Jerry Maguire (film de Cameron Crowe avec Tom Cruise dans le monde des agents de fooballeurs US). Cet aspect idéaliste risque d’être au cœur du récit et de renforcer la dynamique entre les deux personnages, ainsi que la teneur émotionnelle du récit.

Et pour rendre l’expérience encore plus agréable, Seo nous gratifie de dessins et d’une mise en scène aux petits oignons. Je ne connais pas bien l’auteur mais on retrouve le même style que dans Half & Half (avec d’ailleurs une référence bien vue à la première version de ce titre) et je suppose que les lecteurs et lectrices de Fuka ne seront pas dépaysés. En peu de volumes, j’arrive déjà à reconnaître son esthétique très marquée et accessible, notamment dans les visages des personnages. Ainsi, le dessin vient rehausser un récit déjà très séduisant en lui-même, avec notamment des character designs de qualité.

En résulte une lecture vraiment réjouissante, qui ne demande qu’à être confirmée dans le second tome à venir le 18 novembre chez nous. Seo crée d’emblée une dynamique intéressante entre ses deux personnages principaux et arrive à nous captiver dans sa description des coulisses du manga. La série promet d’être longue et c’est tant mieux, car il y a énormément à dire sur ce milieu fascinant, et la façon dont le mangaka en parle dans ce premier tome a déjà totalement capté mon attention. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le second tome !

Ryunosuke et Tsubasa

18 commentaires

  1. Dis donc, présenté comme ça, ça a l’air plus intéressant que ce que j’aurais pu imaginer.
    Je ne pense pas me jeter dedans maintenant mais je ne suis clairement pas fermé à l’idée de découvrir des nouvelles choses sur le monde de l’édition et des mangas.

    Aimé par 1 personne

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