Mon avis sur… Trait pour trait T.1 de Akiko Higashimura

Trait pour trait

Depuis déjà un moment, je suis intrigué par la mangaka Akiko Higashimura, qui jusqu’à récemment n’avait que Princess Jellyfish et Le Tigre des Neiges publiés chez nous. Je n’ai lu aucun de ces deux titres, mais en voyant quelques images en ligne, j’ai tout de suite été intrigué par le trait de cette artiste. De plus, j’ai pu voir que sa série Le Tigre des Neiges avait une très belle réputation auprès des lecteurs et lectrices, en plus de multiplier les récompenses. Et c’est finalement avec sa série autobiographique Trait pour Trait que je découvre enfin le travail de cette autrice, avant d’enchaîner dans les jours qui viennent avec Tokyo Tarareba Girls, sa prochaine série à nous arriver en France chez Le Lézard Noir.

Mais pour l’heure, concentrons-nous sur Trait pour Trait (sous titré Dessine et tais-toi ! qui colle bien à l’ambiance du titre comme on va le voir). Il s’agit d’un Josei terminé en 5 tomes, publié à partir de 2012 au Japon qui revient sur le parcours de la mangaka alors qu’elle est adolescente et décide de sa vocation future (sachant qu’elle avait déjà 10 ans de métier derrière elle au moment où elle a commencé cette série). Avec une bonne dose d’humour et de tendresse, elle se propose de revenir sur une rencontre qui aura changé sa vie…

Akiko Hayashi est lycéenne, et elle habite dans la préfecture de Miyazaki. Très jeune, elle savait qu’elle voulait devenir dessinatrice de shôjo mangas, et avait déjà fantasmé tout son plan de carrière : l’âge auquel elle enverrait des premiers travaux aux éditeurs, l’âge auquel elle serait publiée, l’âge auquel son manga serait adapté en anime… Persuadée que son génie auto-proclamé suffirait à lui ouvrir toutes les portes, elle va pourtant être rattrapée par la réalité. Car en dernière année de lycée, sa rencontre avec un prof d’une petite classe d’arts à l’écart de tout, va violemment la ramener à la réalité. Ce professeur étrange, plutôt sévère et armé de son sabre en bambou, va profondément changer sa vie.

Comme je l’ai dit dans mon introduction, il s’agit là de ma première incursion dans l’oeuvre de la mangaka, quoique j’ai en réalité lu la moitié du premier tome de Princess Jellyfish (je ne l’ai pas terminé car je l’ai en version américaine, et j’avoue avoir la flemme de lire en anglais…). Je le précise car je suis un peu obsédé par la notion d’auteur, et ce quel que soit le média. De ce fait, j’aime découvrir des artistes qui ont des visions et des styles très marqués, et j’ai le sentiment que c’est le cas avec Akiko Higashimura. Au-delà de son esthétique très marquée qui rend chacune de ses planches directement reconnaissable, j’ai découvert ici une mangaka à la plume particulièrement efficace pour ce qui est de l’écriture et de l’humour, et le premier chapitre de Tokyo Tarareba Girls qui est lisible en ligne confirme cette idée.

Car le premier point remarquable dans Trait pour Trait est l’humour de l’autrice, qui n’a d’ailleurs aucun soucis à se moquer d’elle-même. Ce manga n’est pas simplement drôle, il est à mourir de rire bien souvent. Que ce soit grâce à la narration bien sentie, dans laquelle elle ne s’épargne pas, ou par le portrait de ce professeur de dessin haut en couleur qui fait mouche. Sur ce point je dois quand même mettre en garde, si le traitement humoristique des sanctions physiques infligées m’a beaucoup fait rire, il peut en fonction de votre sensibilité ne pas passer. Mais personnellement, bien que je ne cautionne pas la violence physique, le traitement de la chose est vraiment drôle, tout comme les mots durs que ce professeur peur avoir.

Mais passé l’apparente dureté du personnage, on comprend très vite qu’il a à cœur la réussite de ses élèves, dont la mangaka fait partie. Et très rapidement, il apparaît comme évident qu’elle a fait ce manga surtout pour parler de lui. La narration à la première personne l’interpelle d’ailleurs directement à plusieurs reprises, ce qui rend l’aspect « hommage » à cette personne évident. C’est de là que découle la teneur émotionnelle du titre, qui est loin d’être négligeable.

On comprend vite que l’autrice souhaite mettre en avant l’importance des pairs dans la vie. Dans son cas, comme il s’agit d’une artiste, cette figure est très spécifique, mais je pense qu’il y a un côté universel à cela. Elle développe l’idée bien connue qu’une seule personne peut avoir un impact déterminant sur nous et notre évolution. Et cette personne, rencontrée au hasard de la vie, est ce fameux professeur pour elle. Ainsi, on ne peut qu’être touché par la relation qui se noue entre elle et cet homme, figure très importante dans la vie de la mangaka, sans qui on n’aurait peut-être pas eu droit à cette artiste.

En résulte un premier tome à la fois drôle et touchant, dans lequel la mangaka ne cherche pas à se mettre en valeur (elle n’est d’ailleurs pas tendre avec elle-même) mais où au contraire, elle souhaite rendre hommage à une personne qui lui a apporté beaucoup. C’est ainsi qu’elle touche à une forme d’universalité, puisqu’on a tous connus (je l’espère en tout cas) des personnes qui nous ont apporté bien plus que ce qu’elles peuvent imaginer. Ce sont toutes ces belles qualités qui transforment cette lecture en coup de cœur, me donnant envie de découvrir davantage l’oeuvre d’Akiko Higashimura.

21 commentaires

    • Effectivement, son auto dérision et le recul qu’elle peut avoir sur elle-même contribuent beaucoup à l’humour du titre.
      Et comme toi je ne peux pas tolérer la violence physique, mais je trouve qu’elle arrive à avoir le traitement approprié pour ne pas rendre ça gênant. Et heureusement ce n’est pas le cœur du titre.

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  1. Oui, son autodérision est bien 🙂
    et même moi ça m’a bien fait rire
    « Elle développe l’idée bien connue qu’une seule personne peut avoir un impact déterminant sur nous et notre évolution. » +1 Oui et c’est fou quelque part 🙂
    C’est bien quand ça apporte du positif, le problème étant qu’on peut avoir la situation inverse aussi

    ++

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  2. Oh, cette histoire de professeur me fait penser à Camus et son instituteur de l’époque, Louis Germain. (ok, le mec n’était pas comme ça non plus, mais il a réussi à transmettre quelque chose et ça m’y a fait penser)

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  3. Comme je l’ai dit sur le blog de Vagabond, ce titre est apparu plusieurs dans mes fils d’actualités et je me suis jamais vraiment attardé dessus. Mais après lecture de vos articles, j’avoue que ça titille mon intérêt 😀 Ca sort un peu du registre que j’ai l’habitude de lire, mais j’aime varier les genres et je suis assez bon public pour pas me focaliser que sur un style en particulier.

    J’attends vos futures articles pour ma lancer ou pas 🙂

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