C’est toujours un plaisir pour moi d’écrire sur Sun-Ken Rock. Car au-delà de la qualité de la série, de l’édition magnifique que propose Doki-Doki (avec son grand format, couverture rigide très classe, nombreuses pages couleurs, papier épais et encrage de qualité, en plus de nombreux bonus), un des points qui me permet de vraiment me faire plaisir quand j’écris dessus vient de la richesse thématique du récit, qui fait que j’ai toujours des choses à souligner avec ces volumes doubles.
De ce fait, je suis d’autant plus étonné quand je lis que cette série c’est surtout de la grosse action et des personnages stylés, avec au final assez peu de fond. Je la trouve au contraire d’une grande richesse, avec une ligne directrice claire mais très intéressante, qui est de montrer comment un certain nombre de systèmes dans notre société fonctionnent comme la mafia, voire même qu’ils sont souvent en lien avec celle-ci.
Ce sixième volume double ne déroge pas à la règle, alors que sa première moitié achève l’arc des idols, et que la seconde, plus légère, ouvre quand même sur un nouvel arc (avec un petit bonus en fin de volume). Cette longue introduction étant terminée, il est temps de voir de quoi il en retourne !
Alors que Ken et les filles sont en stage au Japon, un trio véreux composé d’un homme politique, d’un producteur télé et de l’héritier d’un groupe industriel font main basse sur l’agence KG avec l’accord de son président.
Resituons un peu le contexte : Ken n’arrivait plus à mentir à Yumin en prétextant qu’il était développeur de jeux vidéo, et a donc décidé de quitter son poste de Boss mafieux, afin de devenir manager d’Idols. L’ironie voulant qu’il se retrouve à faire les porte-faits pour lui-même, puisque le monde des Idols est étroitement lié à la mafia, qui met des billes dedans. En évoluant dans ce monde, Ken constate que l’envers du décor est nettement moins joyeux et glamour que ce qu’on voit sur scène, et que les filles subissent des choses intolérables.
Il a beau mettre les points sur les I, ça ne suffira pas et les choses vont aller trop loin, ce qu’il fait qu’il va devoir mettre cette fois les poings dans des gueules ! Car après avoir détaillé l’envers du décor et tiré à boulets rouges sur le monde du show-biz dans le précédent volume, Boichi a compris qu’il était désormais temps de lâcher les chevaux et de faire parler la poudre (ou plutôt la batte ici).
La structure narrative a beau se répéter un peu au fil de la série, c’est toujours un même plaisir de voir le Boss en action, et il n’est clairement pas là pour rire. Les volumes qui ont précédé ont posé le cadre et des figures d’antagonistes, il est maintenant temps de les démonter comme il se doit dans un déluge d’action dont Boichi a le secret. Et les immondices auxquelles on a assisté avant permettent de rendre d’autant plus jouissif ce déchaînement de violence qui s’apparente à une forme de justice sauvage à l’encontre des puissants, rendant le tout d’autant plus exaltant. Ainsi, l’arc des idols se termine de la meilleure des façons : dans la bagarre bien vénère au doux parfum de justice poétique.
Après cela, il ne reste plus qu’un petit tiers de ce gros volume, permettant de présenter dans chaque chapitre des petites scénettes humoristiques (dont une particulièrement coquine, Boichi aimant mélanger humour et érotisme), mais aux vertus culturelles évidentes. Sa passion pour la cuisine ressortant ici (il en parle d’ailleurs un peu dans les bonus en fin de volume, et c’est très intéressant pour comprendre un peu mieux son rapport à la nourriture).
Enfin, Boichi ouvre sur un nouvel arc qui promet de s’intéresser encore à de belles magouilles dans un domaine qui n’avait pas encore été abordé dans la série. Car après la mafia, les casinos et le show-biz, on va s’attaquer à l’immobilier. Un sujet qui peut s’avérer passionnant, surtout si Boichi arrive à mêler avec le talent qu’on lui connaît le contexte socio-économique (la bulle spéculative qui a mené à la crise économique est déjà évoquée) aux trafics pas toujours très cleans qui peuvent se produire dans les milieux où le fric coule à flots. Avec, je le souhaite, la promesse de nettoyer ça à gros coups de lattes de partout ! Ça promet donc encore une fois du très bon pour la suite !
Et comme si ça ne suffisait pas, avant de refermer le volume, on a droit à une histoire courte de Boichi dans l’univers de Trigun, et si je connais à peine cette série (j’ai du voir un ou deux épisodes de l’anime sur Game One), je dois dire que cette petite histoire est plutôt sympa, assez proche de thématiques SF Boichiennes par ailleurs. Le genre de petit bonus sympa qui ne mange pas de pain.
En résumé, c’est encore et toujours un plaisir de retrouver Boss Ken et de le voir en action, avec ses idéaux chevaleresques et la virtuosité esthétique de Boichi qui permettent de prendre un plaisir toujours aussi grand. L’arc des Idols, si décrié et pourtant passionnant se termine donc en apothéose, et la promesse d’une incursion dans l’univers des magouilles immobilières est des plus séduisantes.
Pour moi le dernier Arc que tu cite (avec le combat contre le syndicat du dragon blanc) est le seul qui vaille vraiment le coup, même si quelques réflexions sur la société corrompue coréenne sont en effet intéressantes. On peut accrocher à cet univers mais je trouve qu’il y a quand-même beaucoup de scories, notamment sur l’arc des idoles qui vire limite porno par moments. Il faut peut-être voir Sunken Rock comme l’age adolescent de Boichi et son évolution récente est BEAUCOUP plus intéressante et laisse présager des choses magnifiques pour la suite de sa carrière! Je préfère un auteur qui comme lui a commencé dans le Hentai pour migrer vers le Shonen qu’un Shirow tellement passionnant qui se vautre dans le gros porno qui tache (et qui rapporte) en fin de carrière… Merci pour ces reviews détaillées sur l’édition deluxe en tout cas!
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De rien, j’ai toujours grand plaisir à écrire sur cette serie.
Je t’avoue que l’érotisme dans Sun-Ken Rock, je m’y suis fait. En fait j’ai l’impression que cette serie est vraiment le magnum oups de Boichi, déjà parce que c’est sa plus longue mais surtout parce qu’il arrive vraiment à brasser énormément d’éléments et de thématiques. Et je trouve ça vraiment passionnant.
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La couverture rigide et le fais que ce soit un volume double ne gêne pas dans la lecture ?
Sinon Boichi est un super mangaka, j’adore Origin 😮
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Pour moi pas du tout. La reliure est d’excellente qualité et ne gêne en aucun cas la lecture c’est vrai que parfois, ça peut être problématique, mais pas ici.
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D’accord tant mieux 🙂
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Effectivement, Sun Ken Rock ne se limite clairement pas qu’aux combats et aux personnages stylés. Ça fait plaisir de voir quelqu’un le mentionner. Tout comme la réussite de l’arc des idoles.
Par contre, les chapitres plus humoristiques me laissent plus en froid car je suis plus personnages qu’univers et que ceux-ci sont là pour ajouter quelques éléments plus à l’univers. Ce n’est pas mauvais mais il me manque un petit quelque chose.
Mais j’aime beaucoup découvrir Sun-Ken Rock avec ces Écrins.
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Je t’avoue que comme l’humour de Boichi me fait mourir de rire (je pense que dans Dr Stone, il n’est pas pour rien dans l’humour global du titre), donc ces chapitres ont été des pauses bien fun.
Et dès que des gens vont bouffer et en parlent en détails, je suis heureux 😅
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J’ai vraiment du mal avec l’humour écrit je crois (genre je rigole très peu devant les films, séries, mangas, one man show).
C’est cool ça d’être aussi heureux sur le bouffe !
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