Eren Jaeger semble représenter à lui seul toute la complexité et la richesse de L’Attaque des Titans. Rarement un personnage principal de manga ne m’aura autant étonné, brouillant la frontière entre le bien et le mal au point où je n’arrive plus à savoir quoi penser de lui. Il me semble donc intéressant de revenir sur ce personnage très particulier, afin de voir en quoi son évolution contribue à la portée du message d’Isayama. Voyons donc chronologiquement de quoi il en retourne, avec moults spoils au fil de l’article, mais comme d’habitude j’essaierai de préciser à quel moments correspondent mes paragraphes afin de vous permettre d’arrêter au moment opportun.
Autre précision importante selon moi, cette analyse a aussi une part d’interprétation, et il s’agit de ma vision personnelle du personnage d’Eren. Je ne prétends pas détenir la vérité, d’autant plus que l’oeuvre d’Isayama, et ce personnage en particulier, sont d’une complexité telles qu’il est fort possible que je ne saisisse pas la globalité des enjeux et du travail de l’auteur. Enfin, il ne faut pas oublier qu’il nous reste encore quelques chapitres avant d’avoir le fin mot de l’histoire, et au vu des retournements de situation fréquents, il ne serait pas impossible qu’une nouvelle lecture du personnage finisse par apparaître une fois tous les éléments en mains.
Un personnage porteur d’une grande colère (Tomes 1 à 3)
Lorsque l’on découvre Eren dans le premier chapitre, on comprend rapidement qu’on est face à un enfant qui ne supporte pas l’existence qu’il est obligé de mener, retranché derrière les murs, et qu’il a envie d’aller au-delà de ceux-ci se frotter aux titans et au monde extérieur. Il admire le bataillon d’exploration pour cela et semble de ce fait victime d’une forme de propagande militaire.
Voir de ses yeux l’état dans lequel ses membres rentrent du combat n’y change rien, ni même le fait qu’on en vienne à dire que leurs interventions (et leurs morts) sont inutiles. Sa mère cherche bien à le dissuader de tout ça, mais au contraire, son père Grisha semble l’encourager en disant que « rien ne saurait brider un esprit avide de découverte », lui promettant qu’il lui montrera plus tard ce qu’il y a dans leur cave… Vous le savez, on attendra une vingtaine de tomes avant d’enfin voir cet élément qui va remettre en cause énormément de choses…
Toujours est-il qu’Eren est caractérisé comme un enfant qui veut voir le monde et qui veut se confronter à plus fort que lui, chose qu’il fait déjà à l’intérieur des murs où il semble toujours chercher la bagarre.
Et lorsque les titans finissent par détruire le mur et qu’il voit sa mère se faire dévorer, une grand colère finit par totalement s’ancrer en lui. Isayama insiste particulièrement sur ses réactions et son regard, notamment lors d’un enchaînement de gros plans très révélateur sur ses yeux, passant des larmes à des sourcils froncés d’une grande dureté. Et dans les pages suivantes, il continue d’insister sur le regard haineux et volontaire d’Eren qui jure de tous les exterminer.
Suite à cela, il va s’engager dans l’armée aux côtés de Mikasa et Armin, dans le but d’entrer dans le bataillon d’exploration afin d’en découdre avec les titans. Sa colère et sa haine ne le quittent pas, au point qu’il semble dans le meilleur des cas être victime d’une idéologie guerrière, au pire un fou, ce qui engendre de nombreux conflits avec Jean, bien plus terre à terre et raisonnable.
Le flashback de Mikasa
Selon moi, le flashback de Mikasa qui permet de voir la rencontre entre cette dernière est Eren est fondamental, pas seulement pour comprendre la jeune fille et la nature de sa relation avec le héros, mais surtout pour comprendre qui est Eren et comment il voit les choses.
Il entre dans la maison alors que les parents de Mikasa ont été tués, et que les responsables sont sur le point de s’en prendre à la jeune fille. Eren ne se pose pas de question et entre, en embrochant un des hommes et continue en s’acharnant sur lui au sol. Ensuite, alors que l’un d’entre eux tente de l’étrangler, il dit à Mikasa de se battre, et un parallèle est fait avec les hommes qui tuent les animaux pour les manger, expliquant que le monde dans lequel ils vivent n’est fait que de violence (d’ailleurs, ce parallèle semble évoquer ce que les titans font subir aux hommes). Ainsi, la colère d’Eren transparaît une fois de plus, en particulier lorsque celui-ci dira à son père que ce n’était pas des hommes mais des bêtes sauvages, et qu’il était normal de s’en débarrasser. C’est d’autant plus intéressant quand on saura par la suite de quoi il en retourne concernant les titans.
De ce fait, avec ce flashback, on constate que ce n’est pas la mort de sa mère qui est uniquement responsable de la colère d’Eren, mais qu’elle est finalement ancrée en lui depuis longtemps, et qu’elle se manifeste de façon très violente voire extrême, et surtout, elle peut être dirigée contre n’importe qui. Car si on peut légitimer son geste (il cherche à sauver quelqu’un d’une bande de meurtriers), le fait de voir un enfant si jeune s’acharner comme ça sur un être vivant est perturbant. Mais cela semble surtout le reflet de ce monde, et la violence d’Eren semble en être une résultante. Violence qui peut s’abattre sur n’importe qui…
La première transformation en titan d’Eren
Vous le savez si vous me lisez, Eren se fait croquer dès le deuxième tome par un titan. Dans un premier temps, je pensais que c’était une technique d’écriture pour montrer que tout peut arriver dans ce manga, y compris que celui qu’on pensait être le héros meurt dès le départ. Mais finalement, il n’en est rien puisqu’en réalité, le fait d’être avalé et sur le point de mourir va révéler la vraie nature d’Eren, qui se transformera en Titan Assaillant.
Dès sa première apparition, ce titan se démarque des autres par son apparence, son cri brutal et la violence avec laquelle il affronte ses congénères. Il arrive pour sauver Mikasa, qui devant ce spectacle inédit ressent une forme d’excitation car elle « semblait avoir sous les yeux l’incarnation de la fureur de l’humanité ». Et c’est aussi exactement ce que j’ai ressenti à la vision de cette séquence, au point où pendant un temps, je pensais que la transformation d’Eren en titan venait effectivement de sa colère, ou tout du moins que le Titan Assaillant était la manifestation de la haine et la rage qu’il portait en lui. On a d’ailleurs l’impression qu’il est pour une fois apaisé après sa transformation.
Et une fois ce pouvoir découvert, Eren prendra conscience de son importance pour l’humanité, et surtout, du fait qu’il doive apprendre à contrôler sa transformation (et donc sa colère ?) afin d’en tirer partie. Mais il devra également prouver qu’il n’est pas un monstre pour gagner la confiance des autres.
Face aux autres titans (Tomes 7 à 12)
Suite à tout cela, Eren va se retrouver sous la responsabilité de Livaï et va rapidement devoir faire face au Titan Féminin, dont ils ignorent l’identité à ce moment-là. Toute cette partie est très intéressante concernant la caractérisation d’Eren car c’est là qu’il va prendre conscience que des vies dépendent de lui, mais également que d’autres personnes sont dans son cas.
L’affrontement dans la forêt est particulièrement important sur ce point car Eren va prendre une décision qui précipitera à la mort la totalité de l’escouade à l’exception de Livaï et lui. Je trouve ce point vraiment important car durant une partie du récit, Eren va être énormément torturé par le poids de la responsabilité liée à sa puissance. De même, sa colère ne va faire que grandir en apprenant que certains de ses camarades sont des titans responsables de nombreuses morts, dont celle de sa mère.
Mais avant cela, il va d’abord affronter le Titan Féminin, dans ce qui est le premier véritable un contre un entre titans puissants. Et ce combat est encore l’occasion de constater toute la rage d’Eren, en même temps que le tiraillement qu’il ressent. Car dans un premier temps il se sent responsable de la mort des membres de l’escouade Livaï, avant de se dire que c’est le Titan Féminin qui est responsable de tout. Et une fois de plus, on ressent la violence incontrôlable qu’Eren porte en lui lorsqu’il s’imagine déjà ce qu’il va lui faire subir. On sent bien qu’il n’y a pas que le fait de vaincre son adversaire qui compte, il a aussi ce besoin viscéral de laisser sa violence éclater. J’irais même jusqu’à dire qu’à certains moments, si on ne savait pas que Eren est le héros, on jurerait que le Titan Assaillant est l’antagoniste.
Et la révélation de la vraie identité du Titan Féminin, c’est à dire Annie, mais surtout celle que lui fait Reiner, lorsqu’il lui dit qu’il est le Titan Cuirassé et Bertolt le Colossal, ne vont faire qu’intensifier la haine d’Eren. On en vient même au point où il a l’air d’être finalement le méchant lorsqu’il dit à Bertolt et Reiner qu’il compte les tuer de la façon la plus brutale possible.
C’est d’ailleurs très intéressant de voir qu’un effet de miroir est mis en place entre Eren et Reiner. Alors que le héros va s’engouffrer dans la haine presque aveuglément, Reiner qui a été élevé dans le mensonge va se rapprocher de ses camarades et ressentir une forte amitié pour eux, au point de souffrir énormément de ce qu’il a fait (on le verra par la suite). Quoi qu’il en soit, j’ai le sentiment que l’évolution croisée et quasiment inversée des deux personnages est le cœur du récit, et je pense que leur confrontation sera importante pour la fin de l’histoire. Mais ça, on le saura d’ici quelques mois lorsqu’Isayama mettra un point final à son récit.
Car c’est facile de faire ces remarques à posteriori, une fois que les choses ont bien avancé. Lorsque je découvrais toute l’histoire en direct, à aucun moment je n’ai remis en question l’état d’esprit d’Eren. Mais en sachant ce qui se passe par la suite, la relecture de ces événements prend un autre sens et très clairement, il y a de nombreux passages durant lesquels les valeurs s’inversent selon moi et où Eren a vraiment tous les attributs d’un méchant.
Pour revenir à la colère d’Eren, elle se révèle encore un élément moteur de la puissance du personnage lorsque le pouvoir de l’Axe se dévoile pour la première fois, quand il fait face au Titan Souriant et qu’il envoie sur elle tous les autres titans sans même en avoir conscience. Comme si sa colère avait levé le verrou de ce pouvoir le temps d’un instant.
Lorsqu’Eren apprend la vérité sur son père (Tomes 16 à 21)
Petit saut dans le temps vers l’arc suivant, durant lequel Eren est un enjeu important mais reste quand même énormément en retrait, au profit notamment de Livaï. Pour faire simple (car je pars du principe que vous avez déjà lu le manga), on apprend la vérité sur les Reiss et sur le fait que Grisha Jaeger les a boulottés, avant de lui-même se faire gober par Eren afin de lui confier le pouvoir du Titan Assaillant, et au passage la responsabilité de mettre un terme à tout ce souk.
Un fardeau vraiment gros pour les épaules du jeune héros, qui va finir par supplier Historia de le manger pour prendre son pouvoir et mettre un terme à son calvaire. La colère laisse ici place à une forme de résignation et de culpabilité, qui donnent l’impression qu’Eren passe par les étapes du deuil telles que théorisées par Elisabeth Kubler Ross, et qui a trouvé un fort écho dans la fiction en général.
Je pense qu’à ce stade, c’est la pression, l’incompréhension face à la complexité du monde dans lequel il vit et également le coup dur de la vérité sur ce qu’a fait son père qui le mettent dans cet état. On peut aussi se dire que les longues séances de tentative de rigidification qui ont toutes échouées et l’enjeu autour de cette aptitude ont entamé son moral. Cependant, il ne va pas se faire manger et va au contraire devoir reprendre du poil de la bête pour vaincre Rhodes Reiss sous la forme d’un titan certes grotesque, mais dangereux, qui est le danger immédiat sur le moment.
Suite à cela, nous avons l’arc du Retour à Shiganshina, qui est fondamental pour le développement du récit mais pas tant concernant Eren, si ce n’est sa conclusion où nos héros arrivent enfin à la cave de Jaeger et apprennent la vérité sur le monde dans lequel ils vivent et sur Grisha. Je ne vais pas enter dans les détails, car même si l’impact sur Eren doit être conséquent, nous avons une ellipse de 4 ans qui fait qu’on ne verra pas vraiment ce qu’il en est jusqu’à ce qu’on retrouve notre héros de nouveau face à Reiner, mais à ce moment-là, l’ordre du monde tel qu’on le connaissais aura été bouleversé, tout comme notre point de vue sur chacun…
Le massacre des Mahr : quand le héros devient un monstre ? (Tomes 22 à 26)
En effet, durant l’arc des Mahr, l’image d’Eren va prendre un grand coup. Si jusque là on le voyait comme un héros dont la colère et la violence étaient légitime, les choses vont changer. Isayama a eu la bonne idée, après plus de 20 tomes où l’on épousait le point de vue des habitants de l’île du Paradis, de nous faire partager celui de Reiner et des futurs réceptacles des Titans Primordiaux, dans le but d’humaniser tout un camp qu’on ne connaissait pas jusque là. Les rapports de force se complexifient en même temps que les enjeux globaux, et une forte empathie se crée pour Reiner, visiblement très perturbé psychologiquement par tout ce qu’il a vécu et fait.
Ainsi, tout le temps que l’on passe avec lui et les nouveaux personnages introduits va intensifier le sentiment de malaise lorsque Eren va attaquer la ville et massacrer une quantité importantes de civils, dans le seul but de tuer Willy Teyber et de s’emparer du pouvoir du Titan Marteau d’Armes (et accessoirement mettre fin à toute cette guerre, mais ce sera un échec). D’ailleurs, une des affiches diffusées lors de l’annonce de la saison finale de l’anime est particulièrement bien vue, puisqu’elle inverse les rôles par rapport à celle de la première saison. Au lieu d’avoir Eren face au Titan Colossal qui détruit le mur, nous avons Reiner face au Titan Assaillant détruisant la ville. Une idée toute simple mais qui décrit parfaitement l’inversion des valeurs et des rapports de force.
Une des choses les plus perturbantes durant cette partie se déroule lorsque Reiner se retrouve face à Eren. On voit que ce dernier a parfaitement conscience de ce qui se joue là, et il explique à Reiner qu’il comprend pourquoi il a fait ce qu’il a fait, qu’il n’avait pas le choix. Et il semble prendre un certain plaisir à lui dire qu’il va faire comme lui, car il ne s’arrêtera pas avant d’avoir tué tous ses ennemis. J’y vois ici plus qu’une simple volonté de se battre pour la survie et la liberté, j’ai le sentiment qu’il y a surtout un besoin d’exercer la violence et de tuer chez Eren. On sentait déjà ça à plusieurs moments comme je l’ai souligné au fil de mon développement, mais ici, on atteint encore un nouveau pallier dans la violence selon moi.
Naissance du culte autour d’Eren (Tomes 26 à 29)
L’attaque d’Eren aura bouleversé l’état du monde. L’île du Paradis montre sa puissance et devient un enjeu de taille dans le nouvel ordre mondial qui nous est présenté succinctement. De là découlent des alliances fragiles, des remises en question et des gens qui semblent jouer un double jeu, à l’image de Sieg Jaeger, le demi-frère d’Eren, qui a rejoint l’île du Paradis dans un but encore flou. Il y a surtout l’arrivée d’un culte autour d’Eren qui va créer des dissensions au sein de l’île. Certains le voient comme un sauveur tandis que d’autres ne cautionnent pas forcément ses actes, et même parmi ses amis les plus proches, le doute s’installe.
C’est un élément intéressant, car à partir de là, on assiste de plus en plus à des massacres entre humains, et notamment entre Eldiens de l’île du Paradis qui, jusqu’à présent, avaient toujours à peu près agi ensemble (la partie avec Kenny Ackerman étant si je ne dis pas de bêtise le seul moment où les humains se battaient entre eux). Mais ici, Eren va se détourner de tous ses amis, y compris Mikasa et Armin, pour finalement suivre Sieg.
Ce dernier a un plan d’extermination douce des Eldiens, souhaitant les rendre tous infertiles afin qu’ils finissent par s’éteindre avec les dernières générations actuellement vivantes, et pendant un temps on croit que Eren va le suivre. Cependant, lors de leur rencontre avec Ymir sur « le chemin », un nouveau twist scénaristique nous montre que c’est finalement Eren via le futur qui contrôle sa destinée.
Dans les souvenirs de Grisha (Tome 30)
Le chapitre où Eren et Sieg vont dans les souvenirs de Grisha a une importance capitale selon moi pour comprendre le fonctionnement du personnage. Ils reviennent sur la séquence de la rencontre avec Mikasa, où Eren tue des hommes avec brutalité. Ici, il explique que c’est quelque chose d’inné chez lui, qu’il a toujours ôté la liberté des autres avant qu’ils ne réussissent à lui enlever la sienne. À mes yeux, c’est quelque chose de fondamental concernant le personnage. Eren apparait de plus en plus au fil du récit comme ayant une personnalité égoïste, et au-delà de sa colère, il semblerait que seule sa volonté lui importe.
Mais surtout, on va enfin apprendre que c’est Eren, par le biais du pouvoir du Titan Assaillant, qui va convaincre Grisha de tuer la famille Fritz. Grisha, qui avait jusque là été présenté comme un homme utilisant ses fils pour arriver à ses fins, se révèle en réalité n’être que le pantin d’Eren. Et il semblerait que la vision du futur que le père a eu par le biais du Titan Assaillant ne laisse aucune échappatoire, au point où il supplie Sieg d’arrêter son frère. Tous ces éléments laissent à penser que la colère n’est finalement pas le seul moteur d’Eren, mais que c’est aussi quelqu’un qui refuse qu’on l’empêche de faire les choses telles qu’il l’entend, qu’il est le maître de ses actes et qu’il préfère tuer que de voir sa liberté se réduire. Ainsi, il semblerait qu’Eren soit arrivé à la conclusion qu’une trêve n’est pas possible, que la haine des Eldiens est trop profondément ancrée et que le seul moyen de sauver son peuple est de détruire tous les autres (si tant est qu’il ait encore un objectif de cet ordre à ce stade).
Après le tome 30, plus de retour en arrière possible ?
À ce stade, je pense que l’évolution d’Eren a suivi une logique implacable liée à sa colère. On a vu très tôt qu’elle n’était pas dirigée que contre les titans, mais contre tous ceux qui pouvaient se comporter de façon monstrueuse. Et le manga nous a bien montré tout au long de son développement que la monstruosité pouvait être en tous, et la complexification grandissante de l’univers et des conflits qui s’y déroulent n’ont fait que le confirmer. La colère d’Eren l’amenant depuis le début à des comportements tranchés et extrêmes, il ne pouvait selon moi en découler que quelque chose de dramatique, d’autant plus qu’il a atteint un point où ses actes sont légitimés par le culte qui s’est créé autour de lui.
C’est ainsi que ce qu’on pouvait pressentir depuis longtemps a fini par se réaliser, avec Eren devenant finalement l’antagoniste de l’histoire, au détour d’une double page ne laissant aucune ambiguïté. Ainsi, j’ai essayé de démontrer du mieux que je peux (car L’Attaque des Titans et son personnage principal sont d’une très grande complexité) en quoi l’écriture d’Eren était d’une incroyable cohérence, et que son évolution suivait une logique implacable, qui finalement ne pouvait amener qu’à une finalité dramatique. Reste encore à voir si son plan va arriver à son terme d’ici les quelques chapitres qu’il reste, ou si au contraire les autres personnages vont réussir à arrêter tout cela. Mais même après tout cela, il n’est pas impossible qu’Isayama nous retourne une fois de plus la tête avec un twist que l’on n’avait pas vu venir dont il a le secret… Il ne nous reste plus que quelques mois avant d’avoir le fin mot de cette histoire, mais pour ma part, je ne vois pas de retour en arrière possible pour Eren.
Du coup, je me suis arrêtée avant le dernier paragraphe.
La lecture des souvenirs de Grisha est vraiment ce qui pèse lourd dans la balance pour moi. Quand Eren fait éclater sa colère, beaucoup le trouvait immature, je pense notamment à Ymir quand Reiner et Bertholt ont kidnappé Eren et qu’ils discutent en haut d’un arbre. Alors qu’avec tout ses trucs dévoilés et qui forment un puzzle, c’est le portrait d’un psychopathe qui se dessine. Il développe le charisme et la froideur propre à ce profil mental aussi. Un « culte » de sa personne se crée (son groupe de partisan malgré ce qu’il commet). Le crime de guerre qu’il cause avec âme et conscience. Bref, il réunit quasiment tous les points de cette deviance mentale.
La façon dont il a soumis son père à ses propres désirs est grandiose, en larmes Grisha à l’air d’implorer son assentiment.
Au risque de choquer, Eren était dès le départ mon perso préféré, et là, il l’est encore plus. J’aime beaucoup sa complexité.
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Je t’avoue que Reiner est devenu mon chouchou personnellement.
Mais on est daccord, Eren a tout du psychopathe. En relisant le manga en sachant un peu comment il évolue, et en ayant revu la saison 2 il y a quelques jours, on a le sentiment que face à Reiner et Bertolt, il n’y a pas que le désir de vengeance chez lui mais bel et bien un plaisir sadique à exercer la violence.
Et effectivement, la séquence avec Grisha est vraiment glaçante.
Maintenant j’ai envie de te demander : est ce que tu pense que Mikasa va le tuer au final ? Parce que c’est une théorie super répandue.
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Pourquoi elle le tuerait ? J’ai pas suivi les dernières théories, donc on peut en discuter (hésite pas à me parler des autres) mais personnellement je ne pense pas. Elle est hyper attachée à lui, même quand il l’a dénigré, elle a empêché Armin de lui faire du mal, c’est viscéral chez elle, ça dépasse la simple idée qu’elle serait amoureuse de lui comme j’ai pu voir certains le penser (pour moi hein).
Du coup, Deux hypothèses : soit elle le tue sur une scène pleine de larmes genre c’est parce que je t’aime que je te tue avant que tu ne sois le monstre parfait.
Soit c’est elle qui meurt pour x raisons (comme essayer de l’arrêter) et qui fait Eren prendre un coup de jus sur ce que ses actions ont causées.
Je pense que l’idée de la mort d’Eren est survenu car les gens se disent qu’un meurtrier ne peur pas rester impuni, donc par morale, l’auteur le supprimera, mais Isayama étant ce qu’il est, j’espère qu’ils auront tort et qu’il vivra 😈 (tu dois me voir comme ce smiley là mdrr)
Pourquoi tu aimes Reiner ?
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Je trouve l’évolution de Reiner très touchante et intéressante, en miroir de celle d’Eren (je serai tenté de penser que Reiner est en définitive le héros de l’histoire et pour le coup, ce serait classique mais je le verrai bien sauver le monde en se sacrifiant à la fin en mode rédemption finale).
Et étant ce que je suis, c’est surtout l’attachement émotionnel qui prime chez moi et de ce point de vue, c’est Reiner qui me fait ressentir le plus de choses dans le manga.
Pour les théories j’envisage justement se faire un petit article dessus, il faudrait que je remettes le nez dedans car c’est surtout celle de Mikassa tuant Eren que j’ai retenu. Moi je la juge plausible pour une raison toute bête : on a mis en avant le fait qu’elle était une Ackerman et une asiatique, mais dans les faits ça n’a pas eu de réelle utilité pour le moment donc pour moi, c’est logique qu’elle ait un rôle majeur sur la fin.
Et sa relation avec Eren etant si particulière, je ne vois qu’elle ou Reiner pour le tuer, si toutefois quelqu’un finit par le tuer.
Car je suis daccord avec toi, Isayama étant ce qu’il est, je ne serai pas étonné qu’il nous fasse une fin très inattendue ou qui en tout cas s’éloigne des codes narratifs classiques.
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Article hyper intéressant 😮
Malheureusement je n’ai pas lu beaucoup, j’ai lu que 8 tomes, mais de ce que j’ai pu lire, c’était vraiment intéressant, il faut que je me dépêche de lire la suite 😮
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Tu n’as encore rien vu du coup si tu en es à 8 tomes. Tout va s’étoffer et évoluer de façon ultra inattendue !
Je crois que c’est avec toi que j’avais dit que la série touchait à sa fin au Japon, donc en principe l’année prochaine tu auras l’intégralité de l’histoire.
Ca devrait finir aux alentours de 33 tomes.
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Oui j’ai de quoi faire ! Et il faut que je me bouge de lire la suite, surtout que j’ai jusqu’au 15 dans ma PAL ! 😖
Je ne crois pas mais c’est bon à savoir ! Ca me conforte dans mon idée qu’il faut que je me dépêche, et ça me rend curieuse de voir toute cette évolution !
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Jusqu’au 15 tu as déjà de quoi te faire plaisir, même si ça te laisse en plein milieu d’un arc très dense !
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Oui j’ai de quoi, et puis j’ai l’anniversaire a la fin du mois, je dois pouvoir en avoir quelques-uns de plus 😂
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Ah ben je te souhaite un bon anniversaire en avance, car je ne connais pas la date, et même si je la connaissais le jour J j’aurai oublié !
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Merci à toi, c’est le 27, mais je comprends totalement 😂😂
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On verra à ce moment là si j’y pense 😉
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Une belle analyse de l’implacable évolution d’Eren. Je partage totalement ton avis et ça fait du bien de voir une histoire avec un héros aussi sombre et dérangé. En te lisant, on se rend compte que l’auteur a vraiment bien pensé son histoire pour rester aussi cohérent. C’est fou.
J’ai vraiment hâte de voir cette confrontation finale que je pense deviner, je suis sûre que la mise en scène sera dantesque !
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Comme on est en commentaires tu peux me dire quelle est la confrontation finale que tu imagines ?
Moi je continue de mettre un billet sur Eren VS Mikasa, même si je sens un affrontement collectif se profiler également.
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Dans ce manga, j’ai vraiment l’impression que le mangaka joue avec nous, on est sans arrêt en train de réviser nos impressions et nos points de vue sur les personnages, c’est fou et faut un talent monstre pour réussir à faire ça…
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Exactement !
Je n’arrive plus à me fier aux différents personnages et je me dis qu’à chaque fois on pourrait avoir droit à un nouveau coup de Trafalgar !
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je crois que c’est quand on aura tout lu et qu’on le relira en connaissant tous les tenants et les aboutissants qu’on se rendra compte à quel point l’auteur nous aura balader… ^^
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Oui, c’est exactement ça !
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C’était un article très intéressant ! J’ai trouvé ton analyse très pointue et étayée par de vrais arguments solides et bien pensés. Tu m’as davantage ouvert les yeux sur Eren, je commençais à voir de moi-même l’évolution du personnage, mais tes mots m’ont confortée dans mon idée, et ont précisé mes pensées.
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Merci beaucoup pour ton commentaire qui me fait très plaisir.
On approche de la fin du manga et ce sera l’occasion de mettre à jour l’article en fonction de tout ça, car depuis quelques chapitres il y a encore beaucoup d’ambiguïté qui reste concernant son comportement je trouve.
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Je viens de lire le dernier tome et j’ai repensé à ton article et à la fin supposée que tu évoquais et comme je viens de recommencer l’anime en même temps y a un détail qui m’a frappé et je crois que tout est fait pour qu’on l’oublie en même temps…
Le début, l’ouverture, Eren dors sous un arbre et rêve , il dit même à Mikasa que ses cheveux ont poussé, qu’il a rêvé mais qu’il ne se rappelle plus de quoi et il pleure sauf que dans la chronologie des choses il est pas sensé avoir ce rêve, il n’est pas encore un titan et n’a pas encore bouffé son père…
Alors voilà mon hypothèse de fin : Eren va mourir au temps T de l’histoire qui se déroule mais par un tour de passe passe comme sait le faire l’auteur il va projeter sa mémoire/conscience dans le passé ou même renaître à lui-même en faisant une promesse à Ymir de revivre jusqu’à trouver une solution… Je pense que si effectivement il a des facettes digne d’un psychopathe, il est profondément traumatisé de n’avoir pas sauvé sa mère, jusqu’à la fin cette image le hante et il a qu’une peur que ses amis proches meurent, il suffit de voir le cirque qu’il fait pour sauver Armin, il le dit à la fin, je tiens trop à vous pour vous refiler le titan… Je crois que le fil rouge de Eren c’est ce sentiment d’incapacité à sauver ceux qu’il aime et qu’il est prêt à tout même tuer tous les autres…
J’y réfléchi depuis quelques jours et je me dis qu’on a la clé depuis le début avec ce rêve, les larmes du début après le rêve c’est le sentiment d’échec de Eren ou de sa conscience, j’extrapole bien sûr… … bon mon idée est peut-être totalement tirée par les cheveux mais elle m’amuse beaucoup d’imaginer le sadisme d’Isayama en proposant une fin qui n’en est pas une et de nous enfermer, nous lecteurs, dans ce cercle infernal comme l’est la violence humaine… :-p
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Pour le coup, ton idée sur cette espèce de boucle dans l’esprit d’Eren, j’y ai pensé et elle a été évoquée par des gens dans des théories et me semble tout à fait plausible, surtout depuis qu’on sait que Eren a influé sur les décisions de son père.
D’ailleurs la fameuse dernière image qui clôture le manga qu’Isayama aurait montré, je ne sais pas si il a dit texto que c’était Eren et son bébé mais moi j’ai plutôt eu l’impression que c’était Grisha et Eren bébé.
Pour ce qui est du côté protéger ses amis, cet aspect est mis en avant (je ne sais pas si tu lis les chapitres en simultrad donc je ne vais pas trop en dire) mais je dois avouer que ce trouve cet aspect un peu bancal.
D’ailleurs le dernier chapitre en date me fait vraiment très peur car j’ai la crainte qu’on aille vers une fin extrêmement convenue. On saura dans un mois et une semaine environ ce qu’il en est, mais depuis plusieurs chapitres je commence à avoir très peur 😅
En tout cas je mettrai à jour l’article une fois la série finie car je reste dans le doute concernant Eren et son objectif tant que c’est pas fini.
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« D’ailleurs la fameuse dernière image qui clôture le manga qu’Isayama aurait montré, je ne sais pas si il a dit texto que c’était Eren et son bébé mais moi j’ai plutôt eu l’impression que c’était Grisha et Eren bébé. »
je n’en avis pas connaissance, je vais farfouiller pour la trouver.
« mais je dois avouer que ce trouve cet aspect un peu bancal »
C’est quoi qui te fait dire que c’est bancal ? Pour ma part, je trouve ça plutôt logique parce que je trouve que ça résonne avec l’image récurrente de sa mère se faisant bouffer… pas toi ?
Je serai vraiment super déçue si c’était une fin convenue honnêtement, avec tous les retournements de situation avec lesquels l’auteur nous a baladé, avec génie, ça serait vraiment une insulte à l’intégralité de l’oeuvre et aux lecteurs… enfin comme tu dis on saura bientôt… 😀
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En fait mon soucis c’est que j’ai le sentiment qu’on peut justifier beaucoup de choses par le côté « il veut protéger ses amis ». Meme si c’est éventuellement le cas, je ne peux pas m’empêcher de voir tout ce qu’il fait comme le signe d’un mec fou, et d’ailleurs quand cet aspect est évoqué, j’y ai plus vu un mec dans le déni.
Parce qu’il y a aussi son obsession de la liberté au détriment de tout le reste qui me laisse à penser que finalement, ses amis il s’en soucie pas autant que de simplement faire ce qu’il veut.
Après c’est comme ça que j’interprète ce que j’ai lu, je sais pas si j’ai raison au final.
Et surtout, je trouve que trop d’informations arrivent trop vite depuis quelques chapitres et on dirait parfois qu’Isayama ne sait pas sur quel pied danser avec Eren et avec la fin du manga.
Donc j’en reviens sur mon inquiétude et le fait que je vais attendre que tout soit fini avant de tirer des conclusions définitive.
Ce qui est sur c’est qu’avec seulement deux chapitres, plusieurs éléments vont me laisser sur ma faim car des choses mises en place seront forcément expédiées.
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ok je vois ce que tu veux dire avec ceux qu’il aime…
C’est pas faux qu’il est dans un déni total et qu’il se déshumanise… par contre pour moi l’histoire de la liberté ne tient plus depuis longtemps…
est-ce que ce n’est pas ce que se raconte son entourage pour se rassurer ?
je ne le perçois plus comme quelqu’un en quête de liberté depuis qu’ils ont ouvert les livres de Grisha parce que le fait d’être un titan voué à mourir dans un temps défini l’exclu de fait de la liberté… et, que même en trouvant une voie de résolution vers la paix pour offrir la liberté à ses amis, il est de fait exclu de celle-ci… il est déjà condamné et sa seule issue aurait été que les choses se résolvent avant sa naissance c’est-à-dire quand il a influencé Grisha or dans la temporalité on est déjà plus loin que ça…
Je te rejoins sur l’accélération et la précipitation de certains éléments, c’est vrai que le rythme n’est plus aussi équilibré qu’au début, peut-être qu’il est pressé de passer à autre chose… on croise les doigts pour que la fin soit une pépite quand même 😉
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L’histoire de la liberté, je suis d’accord, mais j’ai l’impression que l’auteur essaie quand même de mettre encore en avant cette idée dans la tête de Eren, mais peut-être aussi pour montrer une forme de folie, pourquoi pas.
On espère tous que la fin soit à la hauteur, qu’elle soit inattendue et apporte un éclairage intéressant sur tout ça. Je continue d’y croire !
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une forme de folie due à la quête de la liberté émotionnelle, parce que la souffrance est une prison bien plus sournoise que des murs…
je vois vraiment Eren comme l’archétype de l’humanité coincée dans le « oeil pour oeil rend aveugle »… d’ailleurs le « tu es libre » de l’image de fin (que je viens enfin de trouver, merci de l’avoir mentionnée) je pense qu’effectivement c’est Eren dans les bras de Grisha mais ça veut peut-être dire qu’il meurt et qu’il retrouve tous les porteurs de titans décédés qui sont dans la source originelle… à suivre… 😉
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Ah ouais, pas bête cette idée pour la fin. On verra ce qu’il en est !
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[…] Otaku, qui a écrit plein d’articles sur la série (lien) et en particulier sur Eren (lien) et Reiner […]
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Alors moi personnellement j’ai adoré Eren au début puis petit à petit, j’ai commencé à le trouver assez énervant au bout d’un moment à tout le temps être en colère.
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De mon côté, cette colère qu’on ressent chez lui est vraiment le truc qui l’a rendu intéressant à mes yeux, mais au fil du récit, son développement a fini par me décontenancer, surtout concernant sa conclusion.
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