Mon avis sur… Our Colorful Days T.1 de Gengoroh Tagame

Our Colorful Days

Our Colorful Days était clairement une des séries que j’attendais le plus cette année. J’ai été marqué par Le Mari de mon frère, le précédent manga de Gengoroh Tagame, qui arrivait en seulement 4 tomes à proposer une histoire magnifique, touchante et intelligente, qui dépassait largement le cadre du récit sur l’homosexualité (même si c’est clairement un manga LGBT) pour toucher à beaucoup de thématiques. De ce fait, Our Colorful Days, avec sa très belle couverture, m’attirait tout particulièrement. Nous sommes toujours dans un récit sur l’homosexualité, sauf que cette fois, au lieu d’épouser le point de vue de l’hétéro qui se remet en question, nous avons celui du jeune homosexuel qui ne sait pas comment gérer cela. Cela permet d’avoir un point de vue complémentaire sur une même thématique, et on est encore une fois ici face à un récit qui promet de traiter avec une grande intelligence la question.

Sora est lycéen, et il aime en secret Kenta, son camarade de classe. Même à Nao, son amie d’enfance, il n’a jamais avoué qu’il est gay. Pourtant, quand un jour en classe, à force d’entendre les blagues homophobes des autres garçons, il ne supporte plus le poids du secret, il décide de sécher les cours…

Le résumé est particulièrement réussi puisqu’il met bien en exergue une des très grosses qualités de ce premier tome, à savoir le fait qu’en épousant le point de vue de Sora, on voit de façon évidente en quoi l’homophobie ordinaire est profondément ancrée. Alors qu’on considère chacun et chacune comme hétéro par défaut, on se permet des remarques de mauvais goût et blessantes, sans en avoir même conscience. En tant qu’hétéro, je sais très bien que j’ai déjà été responsable de ce genre de situation sans même m’en rendre compte, et j’ai fini par comprendre que non seulement il fallait faire attention à ce qu’on dit, mais aussi et surtout à ce qu’on pense.

Porter un masqueEt ce début de tome le montre très bien, avec Sora qui cache son homosexualité comme malheureusement beaucoup de gens. Je suppose que Tagame a dû se retrouver dans cette situation au cours de sa vie, et l’expérience personnelle parle très bien dans ce récit car les questionnements de Sora ont une vraie authenticité. Ainsi, on retrouve l’intelligence dont le mangaka faisait déjà preuve dans Le Mari de mon frère, en abordant la question d’un point de vue différent. Que ce soit dans l’obligation de porter un masque devant les autres en cachant son homosexualité, où le fait de ne pas savoir qui peut l’être ou non, les pensées de Sora nous permettent de comprendre un peu mieux les difficultés pour lui (et les autres personnes homosexuelles) de vivre dans un monde hétéronormé.

Car là où une personne hétérosexuelle n’a même pas à se poser la question de la sexualité de chacun et chacune, et peut chercher un ou une partenaire l’esprit libre, on voit avec ce que vit Sora que se déclarer est davantage problématique, ne sachant pas si son interlocuteur est homosexuel ou non.

Our Colorful Days

Et la rencontre de Sora avec un homme gay plus âgé va l’aider puisque c’est avec lui qu’il va pouvoir enfin évoquer son homosexualité, et va pour la première fois voir qu’il est possible de vivre ouvertement de la sorte. Je n’en dirai pas plus concernant ce qui se passe dans ce premier tome, j’espère surtout que les éléments que j’ai décrit plus haut suffisent à vous convaincre de la richesse et de la pertinence du titre.

Pour ce qui est de l’esthétique, on retrouve le style si reconnaissable de Tagame, que j’adorais déjà dans Le Mari de mon frère, empreint d’une réelle douceur. Je trouve même qu’ici, il a affiné son esthétique qui est encore plus belle, et le personnage principal étant membre du club d’arts de son lycée (ce qui aura une importance jusque dans le titre de la série), on constate déjà quelques petites idées formelles pour appuyer cet élément qui fonctionnent vraiment bien.

Ainsi, de la même façon que la précédente série de l’auteur, Our Colorful Days s’ouvre avec un premier tome riche, qui traite avec une véritable intelligence de sa thématique tout en étant très accessible, bienveillant et empreint de douceur. La série devrait faire trois tomes seulement, mais Tagame nous a déjà prouvé qu’il pouvait faire des merveilles en peu de volumes. Sachez également que le second volume est prévu pour fin septembre, mais qu’elle est prépubliée au format numérique sur le site de l’éditeur (12 chapitres sont déjà disponibles, le premier tome en comptant 7). Pour ma part, c’est d’ores et déjà un de mes plus gros coups de cœur de 2020, et la confirmation d’un énorme talent. Un indispensable, tout simplement !

24 commentaires

  1. J’ai découvert ce manga l’an dernier en le lisant au chapitre en simultrad, et c’est une fois encore un coup de cœur.
    Dès que j’ai mon salaire le mois prochain, je me le prend en papier 🥰

    Aimé par 1 personne

    • Si tu as aimé Le Mari de mon frere, je pense que tu ne pourra qu’aimer celui-là également.
      On y retrouve la même sensibilité et la même intelligence dans le traitement des thématiques. J’ai vraiment adoré pour ma part !
      Il faudra que tu me dise ce que tu en as pensé quand tu l’aura lu.

      Aimé par 1 personne

  2. Il me faut tenter Le mari de mon frère mais je ne l’ai pas trouvé en magasin.
    Je rejoins complètement ton avis sur ce premier tome : il a l’avantage d’être traité de manière riche au niveau psychologique, du moins, j’ai trouvé, contrairement à d’autres ouvrages graphiques sur le même thème.

    Aimé par 1 personne

  3. Je l’ai enfin découvert ce weekend et sans surprise, c’est un beau coup de coeur.
    J’ai beaucoup aimé le ton et l’angle choisi par l’auteur. La page où on voit Sora enfiler son masque est frappante !
    Bel article où tu mets bien en avant toutes les qualités du titre ^-^

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.