Premier contact avec… Jagaaan de Muneyuki Kaneshiro et Kensuke Nishida

Jagaaan

Je ne sais pas pour vous, mais me concernant, si l’on me parle d’un flic qui se laisse marcher dessus, gardant sa colère et sa frustration pour lui et faisant toujours bonne figure, jusqu’au jour où il finit par péter un câble et se transformer, je pense tout de suite à Fous d’Irène, avec Jim Carrey… Mais maintenant, je vais aussi penser à Jagaaan, qui pourrait avoir le même pitch de base, mais dans un univers et avec des développements totalement opposés. Tout ça pour dire que j’ai enfin eu l’occasion de découvrir cette série qui me faisait de l’œil depuis le début de sa parution en France, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est à la hauteur de mes attentes !

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que vous avez la possibilité comme moi de découvrir gratuitement les trois premiers tomes de cette série ainsi que ceux de 11 autres mangas édités par Kazé en format numérique jusqu’au 12 avril via plusieurs plateformes de lecture numérique. Tout est expliqué sur cette page, et je vous invite vivement à y faire un tour car la sélection est vraiment de qualité, on y retrouve outre Jagaaan des séries récentes comme Black Clover, The Promised Neverland, mais également Toriko et encore d’autres. De quoi satisfaire n’importe qui !

Ceci étant dit, passons à Jagaaan à proprement parler. Cette série est un seinen prépublié depuis 2017 dans le magazine Big Comic Spirit au Japon, et disponible chez Kazé au format relié depuis janvier 2019 en France, avec 7 tomes parus à ce jour contre 9 au Japon. On doit cette série au duo Kensuke Nishida et Muneyuki Kaneshiro, qui avaient déjà fait ensemble les séries Jeux d’enfants et Billion Dogs. Mais de quoi parle donc cette nouvelle collaboration ?

Shintarô Jagasaki est un jeune flic de quartier qui jour après jour se fait humilier par de jeunes voyous et par ses collègues du commissariat. Son avenir semble tout tracé : fonder une famille avec sa copine et poursuivre sa vie insignifiante… Mais cette perspective lui donne la nausée et derrière son sourire de façade, se cachent de violentes pulsions meurtrières. Un jour, lors d’une mission de routine, il tombe face à face avec un mutant chaotique et ravageur ! C’est alors que la main droite de Shintarô se métamorphose… Face à la destruction et au désespoir, un héros au côté sombre vient de naître !

Ce qui caractérise Jagaaan, outre la crudité de son traitement (que ce soit en terme de violence et de représentation de la sexualité), c’est le fait que ce soit un récit totalement axé sur les frustrations et les névroses de ses personnages. En effet, que ce soit notre héros Jagasaki ou les créatures qu’il affronte, tous se transforment en fonction de leurs frustrations et leurs névroses. Ainsi, notre personnage principal qui se rêve justicier, jouant à « pan t’es mort ! » sur tout le monde, se retrouve doté d’un bras flingue surpuissant, lui permettant de terrasser les détraqués qui tombent sur sa route.

Mais d’où viennent ces fameux détraqués, dont Jagasaki fait partie ? Un jour, une pluie de « crapadingues » s’est abattue sur la ville de Bappu où se déroule l’action, et ces bestioles envahissent le corps des gens, les transformant en fonction de leurs frustrations. Jagasaki arrive on ne sait trop pourquoi à contrôler sa transformation, et souhaite l’utiliser dans un but noble, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, à l’instar de sa petite amie qui, frustrée par l’absence d’investissement de Jagasaki dans leur relation, va finir par devenir un monstre qu’il sera contraint d’abattre.

Cependant, un petit hibou du nom de Doku va lui expliquer qu’il est là pour l’accompagner dans sa quête d’éradication des détraqués, qui se soldera par la mort de Jagasaki une fois tous les autres vaincus, mais ceci permettra à Doku de ramener quelqu’un à la vie, comme par exemple sa petite amie. Ceci permet d’avoir un enjeu et un objectif clair d’emblée, qui permettront d’avoir des enjeux et un objectif simple pour notre héros, permettant aux mangakas de se faire davantage plaisir sur tout ce qui gravite autour.

Car entre les détraqués de toute sorte, du patron abusif à la mariée en manque de reconnaissance en passant par le nerd puceau voyeur, et les « justiciers » assez mystérieux pour le moment, Jagaaan propose une critique exacerbée de la société japonaise et des frustrations qu’elle engendre. Et c’est certainement ce point qui est à la fois le plus évident, mais aussi le plus intéressant de l’œuvre, venant nourrir son ambiance et son propos avantageusement. Cet aspect va déteindre sur tous les personnages et les aspects du manga, notamment Jagasaki, qui s’impose comme une véritable figure d’anti-héros tant ses actions, justes au demeurant, sont dictées par une soif de violence qu’il n’arrive plus à contenir.

Et pour mettre en avant cette thématique centrale, l’esthétique globale du titre ne passe pas par quatre chemins. La violence est frontale et crue, tout comme la représentation de la sexualité, tout aussi frontale et brute (et les deux se mêlent parfois, que ce soit dans la façon d’arriver à ses fins d’un certain personnage où dans le découpage qui met en parallèle un affrontement de Jagasaki et une partie de jambes en l’air). En résulte un manga très rentre dedans, que ce soit visuellement ou dans l’approche de ses thématiques. Et si la finesse est souvent quelque chose de valorisé dans la fiction, mettre les pieds dans le plat de façon aussi forte peut également être une grosse qualité, en tout cas en ce qui me concerne.

Ainsi, après trois tomes, Jagaaan s’impose déjà comme un seinen passionnant, aussi fascinant qu’il est dérangeant, aussi brutal qu’intelligent et c’est finalement la conjugaison de tous ces éléments paradoxaux, qui se marient pourtant parfaitement, qui donnent à la série son identité et qui me donnent envie de voir ce que les auteurs nous réservent. Car de nombreux éléments ont déjà été mis en place, et si les développements restent aussi bons, on tiendra là une petite pépite ! 

20 commentaires

  1. Jagaaan me fait de l’oeil depuis sa sortie et fait même partie de mes missions du do you speak manga.
    Et grâce à Kazé, je me suis choppé les trois premiers de Jagaaan comme tu l’auras deviné, mais également de Toriko et de Sket Dance.
    À voir si j’en parle sur le blog 👀

    Aimé par 1 personne

    • Oui, au moins tu n’auras rien à débourser pour te faire un avis.
      Je vais aussi faire un article sur Toriko dont les 3 premiers tomes sont gratuits et qui m’a bien plus. Et je suis en plein dans le premier tome du shojo Takane et Hana, et je n’avais pas prévu mais ça me plaît tellement que je vais peut-être faire un petit article aussi dessus. Donc je t’encourage à les télécharger dans le doute tant qu’ils sont encore gratuits !

      Aimé par 1 personne

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