Mon avis sur… Ariadne L’empire céleste T.1 de Norihiro Yagi

Ariadne

En début de mois est sorti le premier tome de la nouvelle série de l’auteur de Claymore (que je n’ai pas lu) : Ariadne L’empire céleste. Un shonen dont la publication a commencé en 2018 au Japon dans le Shonen Sunday, la série en étant à 5 tomes parus dans son pays d’origine. Concernant la France, Glénat a réussi à s’approprier les droits de publication et a plutôt bien communiqué concernant ce nouveau manga, sans doute du fait de l’aura de la précédente série de son auteur (également publiée chez eux). Voyons donc ensemble de quoi il est question dans ce premier tome

Lashil, jeune garçon vivant dans une contrée perdue, rêve de cités volantes… Un beau jour, il rencontre Leana, une jeune fille atteinte d’une maladie étrange : sans ses bottes de fer, elle s’envole dans les airs ! Attaquée par des engins mécaniques, Leana ne tardera pas à révéler son identité : princesse de l’empire céleste Ariadne, elle a fui son pays pour découvrir le monde. Lashil deviendra son Chevalier de l’Azur, chargé de sa protection, puisqu’il cache lui-même un secret hors du commun lui permettant de manier le pouvoir du photon…

En lisant le résumé, ainsi que le premier chapitre disponible gratuitement sur le site de l’éditeur (cliquez ici), on peut tout d’abord faire un constat que l’on retrouve dans la plupart des avis qui ont déjà été publiés sur la série : on retrouve une formule de shonen nekketsu plutôt classique. En effet, le jeune héros orphelin ne connait pas le monde extérieur, et sa rencontre avec Leana donnera la première impulsion qui va l’amener à voyager à travers ce monde, afin d’en découvrir toutes les facettes et de se découvrir lui-même (en tout cas on peut le supposer). De ce fait, cela dépendra du rapport de chacun et chacune à la notion de classicisme. Me concernant, je n’ai absolument aucun problème avec les œuvres utilisant des formules éprouvées tant qu’elles le font efficacement, et qu’elles arrivent à trouver leur propre identité malgré le recours à des codes éculés.

Et concernant ce premier tome d’Ariadne, je trouve que l’auteur s’en tire vraiment très bien grâce à deux éléments d’écriture en particulier qui sont la relation entre ses deux personnages principaux et le « world building ». Je vais revenir sur ces deux points par la suite, mais avant de les évoquer, un petit mot concernant l’esthétique globale. Très clairement, c’est un travail très propre que nous propose Norihiro Yagi, qui doit bien être aidé par l’expérience acquise sur sa série précédente (27 tomes quand même). Je trouve le character design de très bonne facture, le travail sur les environnements et les décors excellent (j’y reviendrai) et le découpage et la mise en scène très réussis. Ce tome étant bourré d’action, on peut déjà apprécier la grande lisibilité de ces séquences ainsi qu’un dynamisme global qui rendent la lecture très agréables. Très clairement sur ces points, c’est du tout bon.

Venons-en maintenant au premier des deux points que j’ai évoqué précédemment : la relation entre les deux personnages. Lashil est ce qu’on pourrait communément qualifier de paysan alors que Leana est une princesse, de ce fait, on peut se douter que les rapports entre les deux sont un peu particulier en raison du décalage qu’il y a dans leur éducation et leur culture. C’est un des principaux ressorts narratifs et humoristiques de ce premier tome et je trouve qu’il fonctionne parfaitement. La façon de s’exprimer de chacun est très différente et permet des échanges très amusants, qui crédibilisent également leur relation du fait de cette différence. Mais cela ne les empêche pas de très rapidement se rapprocher du fait de leur intérêt commun pour le monde qui est entoure. Ainsi, Leana fait de Lashil son Chevalier de l’Azur, ce dernier acceptant la tâche de la protéger et de l’accompagner dans son tour du monde. De plus, chacun dispose d’une particularité intéressante qui ne demandera qu’à être exploitée par la suite. Leana s’élevant dans les airs de façon incontrôlable sans ses bottes, alors que Lashil est un détenteur de photon, c’est à dire un humain mis au monde pour faire la guerre, son corps lui permettant d’utiliser des armes au photon. On peut déjà imaginer l’auteur tirer partie de ces spécificités à la fois au niveau de l’action, mais aussi du point de vue du développement thématique. Ainsi, ces deux personnages sont porteurs de belles promesses pour la série et leur évolution a un fort potentiel selon moi, qui est déjà bien mis en avant dans ce premier tome.

Et l’autre grande force du volume vient comme je l’ai dit du « world building ». Je pense que c’est une notion à laquelle on est tous et toutes familiers, même sans le savoir. Il s’agit dans le domaine de la fiction du fait que l’univers dans lequel se déroule une oeuvre a été pensé de sorte à être crédible et a l’air vivant au-delà de la trame de l’histoire racontée. Le world building est donc un enjeu aussi bien pour les auteurs en terme d’écriture (comment rendre ce monde vivant ?) que pour les récepteurs/trices (avoir plaisir à s’évader dans le monde en question). Dans le manga, il y a de nombreux exemples d’œuvres mondes, comme dans tous les autres médias. Par exemple, un des mètres-étalons dans le domaine reste l’univers créé par Tolkien que l’on connait par le biais du Seigneur des Anneaux en particulier, mais qui a été développé par l’auteur durant toute sa vie afin de le rendre le plus crédible possible. Un soin maniaque a été apporté afin de rendre les cultures, les espèces, la chronologie et tous les autres éléments qui composent cet univers le plus cohérent possible (l’auteur allant même jusqu’à créer des langues). Et si je cite cet exemple en particulier, c’est parce que dans le domaine du world building, Tolkien semble être un précurseur dans le domaine (même si auparavant, des univers de fiction denses existaient déjà, on peut même remonter à la tradition orale avec diverses mythologies), et reste encore aujourd’hui LA référence ultime.

Ainsi, les japonais, comme tous les autres, se sont emparés de cette notion naturellement et créent également leurs propres univers de fiction au travers des médias qu’ils investissent. Et de leur côté, le manga, l’animation et le jeu vidéo sont des supports de choix pour développer des mondes séduisants. Personnellement, je suis un joueur de JRPG depuis une vingtaine d’années (depuis Final Fantasy VII), et de ce fait, je fais souvent le rapprochement entre les univers que je découvre dans les mangas et ceux des jeux vidéo. Ce qui est également le cas dans Ariadne, qui m’évoque beaucoup d’éléments de JRPG.

Ce premier tome ayant pour but de présenter rapidement le monde du point de vue de nos deux héros qui ne le connaissent pas, on ne peut évidemment pas réellement mettre à l’épreuve la cohérence et la crédibilité de son univers global. Cependant, on peut déjà mesurer l’attrait qu’il suscite de prime abord à la façon dont ce qu’on nomme souvent « l’appel de l’aventure » est mis en avant. En effet, Lashil et Leana souhaitent tous les deux découvrir le monde comme je l’ai déjà expliqué, et la jeune fille nous fait déjà le descriptif des principaux endroits qu’elle souhaite visiter :

« J’ai voulu voir de mes yeux les douze autres espèces non-humaines, les montagnes qui dominent solennellement le monde, les sept mers aussi vastes qu’impétueuses, les bois abyssaux, où les hommes n’ont pas le droit de pénétrer, et ce fleuve au cours si violent qu’il charrie même une île. La chaîne des monts enflammés, dont on entend encore les échos et les dunes désertiques irradiant l’iris. Sans oublier la cataracte d’or, qui se hisse vers le firmament. j’aurai voulu voir tout cela, toutes ces choses qu’on ne trouve pas chez moi. Car notre pays n’est que machines et métal. »

Ce listing des endroits que Leana souhaite visiter est un moyen efficace de suggérer un monde très vaste et surtout très varié, dans la grande tradition des mangas et jeux vidéo. De ce point de vue, j’avoue beaucoup aimer visiter des lieux très codifiés d’ailleurs, entre la forêt, le désert, la montagne enneigée, le volcan, etc… On a beau les retrouver de façon quasi-systématique dans les RPG, je ne m’en lasse jamais. De même, l’évocation des douze espèces non-humaines et la promesse d’une grande densité de créatures, avec pourquoi pas certaines qui rejoindront nos héros dans l’aventure (encore une fois, un code récurrent des JRPG et des mangas à univers).

Ainsi, une fois le foyer de Lashil quitté, on a déjà le droit à diverses péripéties dans un désert et en ville, l’occasion de changer agréablement de cadre et de découvrir plusieurs espèces non-humaines. Les réactions de Leana sont sur ce point plutôt amusantes du fait de l’enthousiasme constant de la jeune fille. C’est aussi l’occasion de lancer réellement le récit, mais pour cela, il faudra lire le manga pour savoir ce qu’il en est !

En résumé, ce premier tome d’Ariadne se présente comme un début d’aventure assez classique mais néanmoins très efficace, qui s’appuie sur un univers attrayant et un duo de personnage très réussi qui nous invitent à les suivre dans leur aventure. Comme j’ai essayé de le montrer, l’auteur semble avoir déjà bien réfléchi à son univers et nous en donne un avant goût dans ce tome qui a suffit à me mettre en appétit. Me concernant, c’est donc avec grand plaisir que je vais suivre Lashil, Leana et leurs futurs camarades afin d’en découvrir davantage sur ce monde aux nombreuses promesses.

 

7 commentaires

    • Oh il n’y a pas de retard, on peut commenter quand on veut, il n’y a pas de date limite.

      En tout cas moi j’ai beaucoup aimé. J’ai cru voir que dans l’ensemble, les lecteurs sont mitigés à cause du classicisme de ce premier tome, mais moi ce n’est pas un point qui me dérange, d’autant plus que l’univers semble porteur de belles promesses et que la dynamique entre les deux personnages principaux est déjà vraiment réussie je trouve.

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      • Surtout que parfois, il vaut mieux un début classique et prometteur, plutôt qu’un titre qui démarre sur les chapeaux de roues et qui retombe comme un soufflet ^^

        Aimé par 1 personne

      • C’est sûr. Malheureusement, on ne peut jamais savoir ce que donnera un titre sur la durée.

        Et personnellement, j’aime parfois les formules classiques et maitrisées, et ce premier tome m’a fait penser comme je l’ai écrit à un JRPG classique aux belles promesses, ce que j’adore !

        Aimé par 1 personne

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