Mon Avis sur… La Mélodie de Jenny de Tsukasa Hojo

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Vous le savez peut-être, mais depuis quelques années, l’éditeur Ki-oon a récupéré les droits d’un certain nombre d’œuvres de Tsukasa Hojo, en plus de City Hunter Rebirth (sur lequel l’auteur n’a pas travaillé cependant). Ils ont compilé ces différents travaux de l’auteur dans une petite collection très attachante nommée « Les Trésors de Tsukasa Hojo », dans laquelle on retrouve plusieurs volumes qui sont des recueils de nouvelles, une histoire en deux tomes (Rash !) et une en trois tomes (Sous un rayon de soleil). Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à La Mélodie de Jenny, recueil de trois histoires courtes qui traitent de la guerre et de ses conséquences à hauteur d’homme.

Âgé d’à peine seize ans, Junpei Shirakawa rejoint l’école militaire pour devenir un aussi bon pilote de chasse que son frère aîné. Mais nous sommes en 1943 au Japon et, au grand désespoir des siens, l’adolescent reçoit l’ordre d’intégrer une unité kamikaze…

Nagano, 1945. Quelques jours avant la fin des hostilités, quatre enfants s’échappent du centre où ils ont été placés, loin de Tokyo, pour les protéger des bombardements. Au beau milieu des champs de bataille, leur chemin croise celui d’un prisonnier américain en fuite…

1935. Un joueur de base-ball membre de l’équipe nationale japonaise en tournée aux États-Unis rêve d’une carrière professionnelle sur le continent américain. Malheureusement, le conflit approche à grands pas… Trois moments où le destin se noue, trois histoires simples et touchantes de vies emportées dans le maelström de la Seconde Guerre mondiale.

Ces trois récits peuvent être traités en même temps car ils ont tous la même dureté, le même côté sombre, sans pour autant montrer réellement d’images violentes. À chaque fois, nous sommes amenés à suivre un petit nombre de personnages dont la vie est bouleversée par la guerre, que ce soit les deux jeunes frères qui vont à l’école d’aviation, les enfants accompagnés par le soldat américain en fuite, ou encore le joueur de base-ball japonais aux États-Unis. Dans chaque histoire, la guerre rattrape les personnages et brise leurs vies et leurs rêves.

Car un élément important de ces récits vient du fait que chaque personnage principal a droit à un beau développement malgré le fait que l’histoire soit courte, et nous permet de comprendre leur vie et leurs aspirations à chacun. Les deux frères veulent simplement réaliser leur rêve de voler, le soldat américain veut retrouver sa fille pour lui jouer à nouveau La Mélodie de Jenny qui donne son nom au recueil, et le joueur de base-ball veut juste faire carrière.

Ainsi, chaque histoire permet de traiter des thématiques différentes mais toujours reliées à la guerre. Par exemple, la dernière évoque en filigrane la difficulté pour les citoyens japonais aux États-Unis d’être acceptés du fait de la situation géopolitique complexe. Et dans cette histoire tout comme dans La Mélodie de Jenny, on trouve un beau rapprochement entre des individus au-delà des camps et des différentes de nationalité qui l’ont beaucoup parlé. Que ce soit le soldat américain qui se rapproche des enfants au point d’en marquer un qui suivra ses traces toute sa vie, ou le joueur de base-ball qui va se lier d’amitié avec un recruteur américain, on sent un grand humanisme et une foi dans la capacité des gens à se rapprocher qui m’a beaucoup touché dans ce recueil. C’est surement ce que j’en retiendrai en premier lieu.

Pour finir, il n’est pas possible de parler du travail de Tsukasa Hojo sans parler de son esthétique. Si vous avez lu une œuvre de cette auteur quelle qu’elle soit, vous devez avoir constaté qu’il est un véritable génie du dessin mais aussi de la composition des planches et du découpage. Ici, sans atteindre les moments de grâce qu’il peut avoir dans City Hunter (je ne connais pas encore bien le reste de sa carrière), tout est toujours magnifiquement dessiné, avec des visages toujours aussi beaux, et un soin constant mis dans chaque image. Ainsi, son style visuel inimitable rend parfaitement la dimension émotionnelle de chacun de ces récits et contribue à les rendre encore plus beaux.

En résumé, La Mélodie de Jenny est un très beau recueil d’histoires courtes qui a réussi à me faire passer un très beau moment, assez riche en émotion de par la dureté des histoires et des thèmes abordés. Il en ressort également un sentiment d’espoir et d’humanisme qui m’ont beaucoup touché. De ce fait, ce recueil a conforté mon attachement à Tsukasa Hojo, un artiste définitivement incontournable dans le domaine du manga.

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Un commentaire

  1. La Mélodie de Jenny devrait être lu dans les écoles pour montrer à quel point la Guerre est une absurdité sans nom.
    L’oeuvre d’Hojo dans son ensemble est chargée d’humanisme. Ces histoires courtes sont les plus fortes par leur récit lié à un moment très dur de l’histoire japonaise et du monde.
    Cela fait du bien de voir un point de vue différent du point de vue américain et même européen. Et oui derrière les mots, derrière la propagande, ce sont bien des humains dont l’horreur, la vanité de généraux font voler leur vie en éclats.
    Un très beau récit pour la Paix.

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