Je l’ai déjà dit plusieurs fois, mais Beastars est pour le moment une des meilleurs nouvelles séries de 2019 à mes yeux, de ce fait, la sortie de chaque nouveau tome me met en joie. Chaque tome offre son lot de moments forts et de thématiques de qualité à l’image du précédent et sa deuxième moitié très sombre et perturbante. Cependant, ce quatrième numéro est l’occasion de poser une ambiance plus calme, mettant davantage l’emphase sur le sentiment amoureux et les tourments qu’il suscite comme nous allons le voir.
Pour préparer le festival de la météorite, le club de théâtre envoie un groupe de carnivores faire des achats en ville. Mais les lycéens s’égarent dans ce décor inconnu… Leurs pas les mènent jusqu’aux ruelles d’un sinistre marché, un lieu où les êtres vivants sont une denrée comme une autre.
Si Bill convainc facilement le reste de la petite équipe de se laisser tenter, Legoshi s’enfuit, écœuré… et tombe entre les griffes d’un mystérieux panda. L’animal, qui se prétend docteur, le met en garde contre les risques d’une amitié avec une lapine : d’après lui, le jeune loup finira inévitablement par dévorer Haru un jour !
Ce tome est donc celui sur le questionnement et l’affirmation des sentiments, en tout cas pour Legoshi. En effet, la quasi-totalité du volume est axé sur les rapports entre les personnages principaux : ceux entre Haru et Legoshi, mais aussi entre la lapine et Louis, et enfin, la nouvelle relation qui se noue entre Juno (la louve introduite dans le tome précédent) et notre héros. La confusion des sentiments du loup et la gène qu’il ressent perpétuellement en compagnie de la jeune lapine est toujours aussi bien traitée et retranscrite. J’en ai d’ailleurs parlé plusieurs fois, mais parmi les nombreuses qualités de cette série, il y a clairement l’écriture de ce personnage principal. Legoshi et un loup qui s’interroge, se cherche, et la façon dont il se torture l’esprit et n’arrive pas à assumer ce qu’il est me touche beaucoup, Itagaki ayant vraiment énormément de talent pour décrire ses sentiments.
Mais Legoshi n’est pas le seul personnage qui a droit à un développement conséquent, puisque Louis est également beaucoup mis en avant. On revient notamment sur sa première rencontre avec Haru, l’occasion de développer davantage le lien qui lie les deux. Mais nous avons surtout droit à une révélation majeure sur le passé du cerf, qui explique notamment les raisons pour lesquelles il souhaite devenir Beastar. Car il s’agit d’un élément qui revient davantage dans ce tome, le cerf n’étant pas le seul sur le coup. Toujours est-il que ces révélations sur le passé de Louis renforcent l’intérêt que l’on peut avoir pour le personnage et permettent rétrospectivement de comprendre mieux certains de ses comportements. Il reste de ce fait un personnage passionnant, et très charismatique même si Legoshi reste mon préféré.
Enfin, ce tome est surtout l’occasion de mettre en avant la jalousie qui peut exister entre les animaux de l’institut, du fait des relations intimes qui s’y nouent. Si la relation entre Legoshi et Haru est au cœur de l’histoire depuis le premier tome, le fait que cette dernière couche avec Louis et que Legoshi ait des sentiments pour elle rend les choses compliquées pour tout le monde. Legoshi ressent une grande jalousie vis-à-vis de son « ami » le cerf, alors que Juno souhaite séduire le loup. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé la mise en avant de Juno, qui se révèle comme un personnage très charismatique, qui arrive facilement à se faire des amis et assume parfaitement ses sentiments, notamment vis-à-vis de Legoshi. Ainsi, elle se retrouve en complémentarité avec notre héros, qui au contraire semble tout le temps gêné et n’arrive pas à gérer ses pulsions et sa nature de carni. De plus, le développement de la louve laisse à penser que son rôle à elle aussi va s’étoffer…
Mais c’est surtout dans l’évolution de la relation entre Legoshi et Haru que l’auteur fait mouche une fois de plus. Ce tome est l’occasion d’une avancée significative de ce point de vue, même si la chose reste en suspend et qu’il est bien difficile de totalement comprendre les sentiments complexes de chacun. Je l’avais déjà dit, mais on peut avoir tendance à oublier que ces personnages sont des adolescents, mais la façon dont Paru Itagaki arrive à décrire la situation qu’ils vivent avec une grande authenticité vient nous le rappeler. Je trouve qu’elle touche vraiment à quelque chose d’universel dans la façon dont elle dépeint l’incertitude sentimentale de ces deux protagonistes, mais également dans la façon dont elle montre comment les deux ont du mal à accepter les personnes qu’ils sont. Encore une fois, c’est véritablement brillamment écrit et cela parvient à toucher sans en faire trop.
Avant de conclure, je me sens obligé de redire un petit mot sur l’esthétique globale du titre, même si on reste dans la lignée de ce qu’on a vu dans les tomes précédents. Le style est toujours aussi personnel, et l’anthropomorphisme est toujours aussi parfaitement maîtrisé (j’ai notamment apprécié le travail sur les postures de Juno). Mais ce volume se démarque des précédents par un côté beaucoup plus chaleureux fort à propos compte tenu du côté plus sentimental.
En résumé, Beastars est depuis son premier tome un gros coup de cœur pour moi et ce n’est pas ce quatrième volume qui va changer la donne. Paru Itagaki maîtrise parfaitement son style et son récit, le parsemant encore de nouveaux éléments qui risquent d’avoir leur importance par la suite. Mais c’est surtout dans le travail sur les personnages, leurs instincts et leurs émotions, qu’elle me touche le plus. Chacun dispose d’une grande richesse dans l’écriture et nous apprenons au fil des tomes à les comprendre et à les aimer. Ils ont tous leurs secrets et leurs névroses qui ne manqueront pas de parler aux lecteurs et lectrices. Ainsi, je le répète, cette série est selon moi une lecture sur laquelle il faut vraiment se pencher si on aime le manga, au risque de tomber accro !
Encore une fois j’ai envie de dire tu nous fais saliver mais bon je saurais être patiente pour le coup je l’achèterais probablement en fin de mois comme à mon habitude
Mais bon j’ai très hâte de lire ce tome 4 surtout si on a ce développement autour des relations des personnages ça va surement beaucoup me plaire.
Beastars est pour l’instant pour moi le manga de cette année 2019 tant je trouve que c’est une oeuvre à la fois intelligente et brillante et en terme de nouveauté je n’ai pas lu mieux même si c’est vrai que je n’ai pas tout testé.
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Pour moi, il faudra voir ce que Tokyo Revengers propose dans les tomes suivants pour que je me décide entre les deux séries, tant son premier tome m’a vraiment retourné.
Mais dans tous les cas, je ne vois pas comment Beastars pourrait ne pas se retrouver au minimum sur mon podium de l’année.
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Oui c’est vrai que tu as adoré Tokyo Revengers, après je pense avoir moins testé de nouvelles licences que toi cette année donc j’ai peut être moins de comparaison mais bon n’empêche Beastars est pour l’instant pour moi la série à lire absolument
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Je te rejoins parfaitement, c’était un excellent tome, et l’approfondissement des liens et des personnages est l’un des atouts majeurs de cette série.
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