Il y a depuis quelques temps un petit emballement autour de City Hunter avec les sorties conjointes de l’adaptation cinématographique française (Nicky Larson de Philippe Lacheau) et de ce fameux spin off papier qu’est City Hunter Rebirth. Le fait que la série culte de Tsukasa Hojo soit autant mise en avant aura eu pour effet de me donner envie de me lancer dans la lecture de cette dernière, ne la connaissant que par le biais de l’animé de l’époque et de sa traduction française foireuse. C’est ainsi que j’ai englouti très rapidement les cinq premiers tomes de l’édition deluxe de Panini de City Hunter (j’ai encore 3 tomes de côté avant de devoir repasser à la caisse) et que je suis immédiatement tombé amoureux de cette série, de ses personnages et du style incroyable de Hojo.
De ce fait, la sortie de ce spin off m’intriguait beaucoup et il m’apparaissait comme évident que je ne pouvais pas passer à côté, quand bien même je ne suis pas encore un spécialiste de la série d’origine. Ce qui me permet d’évoquer un premier point : ce manga est clairement pensé pour les fans de City Hunter, mais c’est avant tout un bon manga, qui peut plaire à un public moins connaisseur (dont je fais partie tant que je ne me sus pas enfilé les tomes suivants en intraveineuse). En effet, il s’agit d’une relecture d’une histoire qui débute au chapitre 159 du manga d’origine comme le signale le personnage principal. Mais avant d’aller plus loin, le petit résumé qui s’impose :
Kaori est une inconditionnelle de City Hunter. Son fantasme est de vivre de grandes aventures aux côtés de son idole, Ryo Saeba. Mais, célibataire à 40 ans et prisonnière d’un boulot ennuyeux, elle commence à perdre ses illusions de jeunesse…
Son quotidien morne bascule le jour où, percutée par un train à pleine vitesse, elle se réveille dans la peau d’une lycéenne dans le Shinjuku des années 80 ! Désorientée et à bout de nerfs, elle tente le tout pour le tout et trace le fameux XYZ sur le panneau de la gare…
Ce pitch de départ n’est pas forcément des plus originaux (il suffit de voir le spin off de Dragon Ball centré sur Yamcha sorti juste avant pour s’en rendre compte) mais il me plait déjà pour une raison simple, c’est que ce genre d’histoire permet de mettre en avant l’importance que les mangas peuvent avoir pour les gens, et comment ils peuvent présenter des modèles auxquels on s’identifie. Et forcément, pour quelqu’un de friand de ce genre de lecture, c’est forcément un élément qui parle beaucoup.
Et cet élément très très bien traité dès le début du tome puisque l’on découvre rapidement Kaori (pas l’associée de Ryo, l’autre) et son rapport au manga de Hojo. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé comment son premier contact avec City Hunter est mis en avant : elle a feuilleté un des tomes appartenant à son frère durant son adolescence, et après avoir été atterrée par la grosse bosse de Ryo, elle n’a pas pu s’empêcher d’être happée par le style totalement dingue du mangaka au point de tomber littéralement amoureuse du héros. Ce point m’a beaucoup parlé car même si parfois je trouve l’humour et la perversité du personnage un peu lourds, il y a toujours ce talent d’illustrateur et cette maîtrise des ambiances qui fait que je suis totalement hypnotisé. Je parlerai tôt ou tard du manga City Hunter d’origine, mais je pense attendre d’en avoir lu davantage (voire même toute la série, on verra), mais la beauté folle de l’oeuvre et la classe qui s’en dégage est quelque chose qui m’a frappé.
Mais au-delà de cette passion qui est née chez Kaori et qui me parle donc beaucoup, on voit vite qu’elle est devenue dévorante et que sa réalité a été bien fade en comparaison. Elle explique même n’avoir aucune expérience des hommes. Et si elle doit se comparer à la Kaori du manga, elle se trouve bien fade en comparaison. C’et après ce constat amer qu’elle se retrouve accidentellement projetée sous un train, et se réveille finalement dans son corps d’adolescente, à l’époque du manga.
Et c’est ici que l’intrigue se lance réellement, puisqu’elle appellera à l’aide Ryo, ne connaissant personne dans ce monde alternatif. Il acceptera de l’héberger car elle a réussi à toucher son cœur (même moi qui n’ait lu que cinq tomes connait ce fameux truc) et une relation va vite se nouer entre elle et la Kaori du manga. D’ailleurs à ce stade, elle donne un faux nom, Saori, et pour que ce soit plus simple je l’appellerai désormais comme ça pour éviter qu’on la confonde avec Kaori. Cette situation donnera lieu, on pouvait s’en douter, à de nombreuses séquences cocasses, comme par exemple celle où Saori va vérifier s’il y a bien des magazines érotiques sous le lit de Ryo. Son comportement est souvent en décalage avec les autres également du fait qu’elle soit fan du manga et qu’elle connaisse déjà les ressorts de l’intrigue.
Ce sera d’ailleurs le cœur du récit. Elle comprend qu’elle se trouve dans l’arc commençant dans le chapitre 159 comme je l’ai dit (partie que je n’ai pas encore lu), et va tenter de faire en sorte que, malgré son irruption dans le récit, les choses se passent comme elles doivent se passer, car une histoire d’amour entre Umibozu et Miki de Cat’s Eye (si j’ai bien compris) est en jeu. Son comportement avec toute cette galerie de personnages m’a beaucoup amusé, car elle doit taire ses réflexes de fan (elle se retient de toucher le crâne d’Umibozu, elle matte la poitrine et les fesses de Miki presque aussi ostensiblement que Ryo tant elle est fan). Mais là où le récit est pour moi le plus passionnant, c’est dans la relation qui va se nouer entre Saori et Kaori.
Il faut déjà que je précise que dans le manga, je trouve que Kaori est un personnage particulièrement réussi. Je ne saurai pas dire à quoi ça tient (en partie au fait qu’elle remette tout le temps Ryo à sa place), mais j’adore ce personnage. Et dans ce manga, elle et Saori vont très vite développer une grande complicité qui permet de comprendre que le modèle de la jeune fille dans le manga n’est pas Ryo mais bel et bien Kaori. C’est d’autant plus intéressant que personnellement, quand je lis un manga, je me demande comment les autres ressentent tel ou tel détail. Et clairement, dans le cas de City Hunter, je me demande comment le public féminin voit les différents personnages, et la façon dont Saori voit Kaori me parle de ce fait.
Pour finir sur la mise en abyme du lecteur fan de manga, Saori explique en fin de tome que Ryo l’a sauvée auparavant, et je trouve que c’est une façon simple mais très belle de mettre en avant l’importance des œuvres de fiction pour certaines personnes. En effet, comme tout fan, je pense qu’il ne faut pas négliger l’impact qu’ont ces histoires sur nous et qu’elles contribuent à nous définir et nous aident parfois à avancer. De cette façon toute simple, c’est aussi ce que l’auteur de City Hunter Rebirth cherche à nous dire (de là à se dire qu’il parle de lui à travers son personnage, il n’y a qu’un pas…).
Enfin, un dernier mot rapide sur les dessins. J’ai lu plusieurs fois qu’on croirait des planches dessinées par Hojo. Personnellement je n’irai pas jusque là car comme je l’ai dit, je trouve que le style de Hojo est démentiel et que chacun de ses dessins est d’une beauté à couper le souffle, mais malgré tout, ce spin off ne fait clairement pas honte à l’oeuvre d’origine et le dessin reste très fidèle et d’excellente qualité. C’est simplement qu’on ne peut pas se frotter à un artiste du niveau de Hojo en faisant un travail « juste » excellent. Mais clairement, c’est très beau et le travail d’édition de Ki-oon fait une fois de plus honneur à l’oeuvre.
En résumé, j’attendais beaucoup de ce premier tome de City Hunter Rebirth et ce fut un régal ! Tout d’abord parce que l’on a un spin off très fidèle au manga d’origine, mais aussi parce qu’il développe une mise en abyme du fan de la série (et de mangas en règle générale) qui m’a beaucoup parlé. Les idées avancées sont assez simples mais très bien exploitées. Les thématiques liées aux fans enrichissent l’histoire et lui donnent sa légitimité en plus de permettre au lecteur de se projeter et de s’identifier facilement à l’héroïne. On a donc affaire à une introduction de qualité et qui fait honneur à la série d’origine, ce qui est en soi une belle prouesse. Je dirai volontiers « Coucou ! » au second tome à sa sortie !
Je ne l’ai pas trouvé cette semaine, j’espère le prendre la semaine prochaine car il a l’air super *-*
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En effet, j’ai beaucoup aimé personnellement.
Je ne dirai pas que ça vaut la série d’origine, mais c’est une approche différente qui personnellement me parle, et je pense que ça vaut le coup de la lire en complément.
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J’ai été très surprise par l’explication de son basculement dans l’univers de City Hunter (très glauque quand même) et j’ai hâte de découvrir s’il y aura dans le deuxième tome une rupture avec le cours des choses développé dans le manga originel ou pas (ce qui nous ferait continuer avec un copier/coller des événements incluant une « pièce rapportée », Kaori). Son mode fangirl est trop mignon ^w^ (et réaliste hi hi)
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N’étant pas encore arrivé à ce stade dans la série d’origine, je ne peux pas avoir ce sentiment de copier/coller.
J’espère surtout que la relation entre Saori et Kaori va encore se développer.
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Alors moi je suis une très vieille fan de City Hunter. J’ai commencé à lire le manga en 1997 donc cela remonte…. Je connais donc sur le bout des doigts les aventures des personnage de City Hunter. Ce spin off m’a beaucoup intrigué et intéressé. Comme vous le dites l’histoire se concentrant sur une fan est très très intéressante. Un rêve de se retrouver dans un univers que l’on adore… J’attendais beaucoup au vu du trailer malheureusement je suis très déçue. Je trouve que c’est trop copié collé à l’histoire originale. Moi j’avais espéré une insertion dans l’univers city Hunter en dehors des aventures que nous connaissons. Par exemple : que font nos héros dans leur quotidien ? Quelle est leur vie ? D’ailleurs ont-ils une vie en dehors de leurs aventures ? J’espère que cela prendra ce tournent dans les prochains tomes.
Par contre je trouve très intéressant votre regard. Vous n’êtes pas encore dans l’univers complet de City Hunter. Vous ne connaissez pas encore toutes les histoires. Du coup je me rend bien compte que ce nouveau manga peut attirer un nouveau public vers cette oeuvre qui commence à dater. Votre fraîcheur est agréable à lire.
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Merci beaucoup pour ce beau commentaire. En effet, je ne me suis mis que récemment à City Hunter mais on devient vite accro, c’est pour ça que je me suis lancé dans Rebirth.
Je pense d’ailleurs éventuellement relire ce tome une fois que je serai arrivé à ce stade de l’histoire dans la série d’origine afin de voir comment évolue mon appréciation de celui-ci, car il est fort possible au vu de ce que vous dites que mon avis change de ce point de vue.
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ça pour devenir vite accro c’est bien vrai ! Par contre c’est vrai que si vous démarrez Rebirth sans avoir lu tout City Hunter je pense que vous allez découvrir des choses que vous ne devriez pas. finissez d’abord l’original avant de vous lancer complètement dans le spin-off. Est-ce que votre appréciation changera en revenant sur Rebirth ? Peut-être ou peut-être pas. je serai très intéressé d’entendre votre avis à ce moment là 🙂
Si ça vous intéresse j’ai remis en route un site que j’avais commencé il y a fort longtemps sur City Hunter. Si ça vous intéresse voici l’adresse : https://xyzcityhunter.wordpress.com/
Et j’en avais un plus ancien. je suis en train de transvaser les différents articles que j’avais fait alors sur le nouveau mais voici l’adresse si vous voulez y faire un tour : http://ryosaeba.canalblog.com/
Tenez-moi au courant de votre avis sur City Hunter de façon général. J’aime savoir ce que pense les nouvelles générations en le découvrant.
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Je vais y jeter un oeil avec grand plaisir.
Et je compte bien parler de City Hunter au fur et à mesure de ma lecture.
Par contre je ne sais pas si je peux être totalement considéré comme « nouvelle génération », j’ai 31 ans mais surtout, j’ai un peu connu l’époque Nicky Larson ne craint personne à la télé dans mes jeunes années.
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Et bien pour moi 31 ans ça reste une jeune génération parce que j’en ai 10 de plus ! 🙂
En fait moi je suis vraiment de cette génération qui a grandi avec les animés japonais depuis ma naissance. J’ai biberonné devant Candy et Goldorak. Ensuite j’ai grandi avec tous les autres animés qui sont arrivés en France au fur et à mesure du temps. L’apothéose pour moi fut Nicky Larson. Dès que je l’ai vu je suis tombé en amour devant l’univers proposé. Et depuis 1990, je n’ai plus lâché City Hunter. Wouah près de trente ans déjà !!! Votre âge en fait. Bon là y a pas à dire j’ai pris un petit coup de vieux. En tout cas, votre regard est différent du mien. Tout comme le mien qui a évolué durant ces trois dernières décennies. J’ai hâte de lire vos commentaires.
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Ce sera avec plaisir que je vous proposerai mes commentaires et mes avis dans ce cas !
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Ravie de découvrir une critique par quelqu’un qui n’a pas encore découvert tout l’univers de City Hunter et qui du coup propose une critique avec plus de recul que certains fans purs et durs ^^!
Moi aussi, j’ai tiqué un peu devant les dessins parfois.
Comme Paradisehunter, j’aimerais voir également un peu plus que des copier-coller de l’histoire d’origine.
Mais l’effet nostalgie marche à fond. Rien que de retrouver ce cher Ryo qui passe de coureur de jupon lubrique (Coucou !) à type hyper sérieux en l’espace de 2 cases, j’adore l Kaori est aussi un personnage que j’aime beaucoup et ici elle ne passe pas que pour la cruche de service, ça fait plaisir.
Je découvrirai la suite avec plaisir 🙂
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Ravi de voir d’autres personnes qui ont apprécié
la lecture, à la fois du manga, et de mon avis !
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Moi, la première fois que j’ai entendu parler de ce spin-off de « City Hunter », savoir qu’il existait m’a autant surpris que lorsque j’ai appris la réédition du manga « Attacker You! » * et l’arrivée du premier nekketsu inspiré du jeu d’échecs *.
* https://www.manga-news.com/index.php/actus/2020/02/13/Jeanne-et-Serge-en-manga-chez-Black-Box?fbclid=IwAR2VPe4PU69WGHk4tpPX1P1jEeCEVKOwhZRJ9ucvCfVKx0ytHXP2-Om3zLg
* https://www.manga-news.com/index.php/manga/Blitz/vol-1
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Même si je trouve le scénario de ce spin-off intéressant, j’ai du mal à imaginer ce que cela donnerait en animation.
Car on voit que le style de Nijiki diffère de celui d’Hojo et cela pourrait être difficile à rendre dans un anime.
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Je trouve que les styles esthétiques marqués sont toujours difficile à retranscrire en anime. C’était déjà le cas avec le style Hojo, mais on peut l’étendre à énormément de séries et d’auteurs.
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Par exemple, avec le jeu vidéo « Blacksad: Under the Skin ». On reconnait bien les décors et les personnages mais il y a un certain lissage graphique par rapport aux albums.
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